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J. LAGNEAU.FRAGMENTS.

de vue, inférieur, non comme fait ou plutôt comme série et système de faits. Il n’y a pas de science des faits de l’âme.

26

La psychologie ne peut avoir pour but de déterminer des propriétés de l’esprit. Car la propriété est ce que l’on conçoit dans la substance, extérieurement à la pensée, pour expliquer le fait, c’est-à-dire ce qui n’est pas pensable. Donc par la même raison qu’il n’y a pas de fait de pensée, mais que le fait est l’antithèse de la pensée, il n’y a pas de propriétés de l’esprit, ou plutôt il n’y en a qu’une, la propriété de sentir, comme il n’y a qu’une faculté, la pensée même, et, entre l’une et l’autre, les idées, la forme.

Mais cette propriété même et cette faculté ne sont saisies que comme idées.

27

La logique reprend à l’instant ce qu’elle a perdu, ou plutôt ce qu’elle a posé en dehors d’elle : c’est-à-dire qu’elle refait l’unité, mais une unité abstraite, extérieure. De là une antinomie : la pensée logique est tout et ne peut se saisir elle-même qu’en [se] posant entre deux choses, ou plutôt entre une chose et une action ; mais cette antinomie, comment est-elle saisie ? Ce ne peut être par la pensée logique, car puisqu’elle ne saisit rien que comme nécessaire, il n’y a pas d’antinomie pour elle (elle n’a qu’une loi).

28

Toute division vraiment scientifique par la méthode expérimentale est impossible, tant préalable qu’ultérieure.

Que si l’on a obtenu une telle division, c’est qu’inconsciemment on a employé la méthode réflexive, c’est-à-dire que partant de l’idée que les pouvoirs ou les formes ; de l’esprit sont solidaires, s’expliquent et s’exigent entre elles, on s’est élevé d’un fait quelconque à l’idée universelle de la pensée, se demandant par la réflexion ce qui faisait de ce fait ou état une pensée, pour analyser ensuite cette idée de la pensée en ses éléments nécessaires. Autrement dit, on a compris par la réflexion le caractère rationnel de la division, à laquelle on s’arrêtait. Le nombre des faits considérés était dès lors accessoire, indifférent ; un seul suffisait.

29

Considérons donc une pensée quelconque, exprimée par un verbe, par exemple (les autres mots supposent l’action, celui-ci l’exprime),