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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

suite en s’exprimant réciproquement, c’est-à-dire l’étendue comme réelle. Dans l’action concrète par laquelle nous saisissons la réalité des choses, l’étendue nous est livrée implicitement ; il nous reste à la dégager par le raisonnement, mais de ce raisonnement le terme nous est donné d’avance : l’être en soi et multiple, paraissant à la sensation, mais saisissable à la seule pensée.

Les propriétés de l’espace en soi (projection de la forme subjective de l’espace) sont l’œuvre de la logique. De là leur caractère a priori.

Véritable nature de l’espace et du temps. Sont-ils dans les choses ? Non comme forme, oui comme fond. Or c’est cette forme seule qui est innée ; elle est aussi subjective, diverse d’un esprit à l’autre ; c’est l’inné, c’est-à-dire le naturel qui est subjectif (c’est-à-dire divers). L’oeuvre propre de la pensée est de faire sortir les esprits de leur caverne et de faire la rencontre, la jonction.

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L’espace est un système unique et infini de dimensions indéfinies en nombre et en longueur.

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L’étendue est la détermination concrète de l’espace par des corps. Sans le plein, pas de dimensions. Étendue, condition d’espace, et corps, condition d’étendue. Corps se résistant les uns aux autres et s’excluant.

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Deux perceptions, extérieure et intérieure, ou plutôt une seule, mais à deux faces dont l’une, intérieure, peut être presque effacée dans l’autre, tandis que celle-ci ne l’est pas dans la « perception intérieure ». La perception intérieure est donc une forme de pensée résultant d’une analyse plus parfaite qui distingue le temps de l’espace, confondus dans la perception extérieure, et non pas une véritable perception, sur le même plan que l’autre.

En quoi consiste la perception extérieure ? Elle n’est pas une sensation, mais un acte composé par lequel nous mettons nos sensations diverses en rapport entre elles en les rapportant à un même point de l’étendue (localisations), mais sans affirmer encore que cette étendue appartient à un être : deux actes distincts. Le premier seul est perception, le deuxième est conception. La perception n’est pas l’acte de rapporter les sensations à des objets, mais elle en est la condition, et il n’y a point de connaissance d’objets possible sans elle, de quelque objet qu’il s’agisse : elle est la forme universelle de