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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

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La troisième dimension ou éloignement est la dimension essentielle qui réalise l’étendue, puisqu’elle représente la permanence de l’objet, c’est-à-dire le système réel des sensations possibles, indépendamment de nous. Elle peut être donnée à l’aide du toucher seul avec déplacement et ébranlement, mais elle est facilitée par l’exercice des autres sens pour lesquels l’objet éloigné est encore présent.

L’épaisseur et la profondeur sont cette même troisième dimension. Elles représentent en effet la réalité de l’objet en dehors de nous, de ce que nous touchons ou voyons : même le toucher double ne nous les donne pas. Il ne nous donne que notre surface. Seulement dans le déplacement de l’objet apparaît son unité et par suite sa réalité. La vue peut nous aider à percevoir la profondeur dans les corps transparents.

La perception proprement dite c’est la fusion de plusieurs groupes de sensations spécifiquement différentes en un seul tout circonscrit par le toucher. Nous percevons à la fois notre corps et les corps extérieurs. C’est dans le toucher seul que l’unité de l’objet apparaît : c’est la base de la perception. Dans le concours des deux mains et d’abord dans celui des doigts l’objet paraîtrait multiple sans l’ébranlement ou le transport. Une fois cette idée acquise, elle est confirmée plutôt par la multiplicité des contacts.

Pour la vue, fusion des images grâce à l’unité conçue de l’objet.

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(Sur Spinoza et les théories physiologistes de l’imagination).

La vraie explication de l’imagination est celle de la manière dont ces affections du corps humain peuvent, déterminer en nous la représentation des corps extérieurs et leurs propres idées. (Celle de notre corps en particulier avec ses modifications).

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On appelle idées les objets intérieurs que la pensée réalise en affirmant dans le jugement l’être de ses représentations.

56

Juger c’est affirmer ou nier une relation entre deux idées comme vraie.