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J. LAGNEAU.FRAGMENTS.

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(Sur le rapport de l’entendement et de la volonté).

1. Toute aperception suppose affirmation implicite, au sens de croyance, même si elle était unique, simple : alors c’est l’existence, ou plutôt la présence, qui est affirmée, crue. Si elle ne l’est pas, si elle est multiple ; elle est croyance à la liaison de ses parties et, en plus, à sa présence. Or toute aperception est multiple. Cela est vrai et des perceptions et imaginations, et des idées proprement dites. Toute aperception est une liaison (perception) ou un système de rapports (idée).

2. L’affirmation, même explicite et au sens de connaissance, n’est pas un assentiment (et la négation un détachement) de l’âme, de la volonté, à la chose aperçue, c’est-à-dire un rapport de l’âme ou volonté à cette chose, mais un rapport d’un certain genre entre les éléments de cette chose.

3. Lorsque cette affirmation explicite a lieu, elle a sa condition, tout au moins une de ses conditions dans l’affirmation implicite ou croyance correspondante : elle succède à une affirmation et non à la non affirmation et n’est que cette même affirmation continuée.

4. Quand c’est la négation qui a lieu, cette négation aussi succède à une affirmation implicite ou croyance, qu’elle supprime, et qui a subsisté même pendant le doute, s’il y a eu doute, et non pas à la non-affirmation.

Autrement dit :

5. Toute affirmation ou négation vient d’une affirmation.

6. La négation ou suppression d’une croyance a sa condition, tout au moins une de ses conditions dans une autre croyance qui l’exclut.

̃7. L’âme affirme toujours quelque chose tant qu’elle pense, même dans le doute, et le doute a sa condition dans une connaissance actuelle.

8. L’entendement et la volonté en acte, c’est-à-dire les actes d’entendre et de vouloir, au sens le plus large des deux mots, sont identiques ; la division de tout acte de pensée en ces deux actes est purement modale. L’entendement et la volonté ne sont donc pas des êtres, des puissances, mais des idées.

9. Les degrés de valeur, de réalité objective de l’affirmation coïncident avec ceux de la connaissance : les connaissances confuses sont des affirmations accidentelles et éphémères, les connaissances claires