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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

des affirmations essentielles et durables, les connaissances déduites, comprises, des affirmations absolues, inébranlables : la certitude est quelque chose de plus positif, de plus réel que la croyance, et elle la comprend.

En résumé il est vrai que :

1. La connaissance, le jugement, suppose toujours une donnée, un fais présent, et est lui-même une donnée, un fait présent ; or toute donnée, tout fait intellectuel est liaison, rapport, donc rapport affirmé, au sens large du mot ; en un sens donc tout dans la connaissance est idée (donnée, fait), et la clarté de l’idée est celle d’un rapport.

2. La connaissance est un tout dont chaque partie est déterminée par les autres ; chaque idée en suppose d’autres qui font sa vérité ; la vérité est un système d’idées, et ce système de la vérité donnée, objective, ne relève que de lui-même, ne suppose rien d’extérieur (volonté) qui le supporte, l’affirme, le fasse vrai. Dans la vérité donnée il n’y a pas dualité, mais unité.

Mais :

Il y a autre chose dans la connaissance que du donné, que les idées-faits et leur unité, leur système est inintelligible sans cela. Si une idée est vraie (par 1) en elle-même, et (par 2) par sa détermination au milieu des autres, cette détermination lui est identique et alors tout est identique et il n’y a pas d’idées, ou bien cette détermination lui est seulement équivalente, et alors il faut un troisième terme pour saisir cela, c’est-à-dire qu’il faut l’acte, le mouvement de la pensée, – autre chose que l’idée.

L’idée seule, le donné seul est inintelligible.

58

La vérité n’est pas les idées, mais la vérité des idées et d’autre chose qu’elles supposent.

59[1]

Le doute est une ignorance dans une connaissance, c’est-à-dire le manque de l’intuition correspondante à une idée alors que nous savons pourtant qu’il y en a une et que la vérité y consiste.

Dans le système qui fait la vérité idée, donnée, il n’y a pas de place pour le doute puisqu’il n’y a que les idées, qui se posent et se suppriment entre elles par elles-mêmes, ou plutôt les perceptions

  1. Voir 61, dont ce fragment semble être la conclusion.