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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1898.djvu/148

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J. LAGNEAU.FRAGMENTS.

ou idées confuses d’une part, et les idées proprement dites, toujours claires, de l’autre, celles-ci se posant et niant celles-là sans pourtant les supprimer.

Le doute ne peut pas être dans les idées ; il serait alors une pure privation ou la négation même ; il est plus et moins, quelque chose de positif, mais non une négation, qui est une affirmation. Il est subjectif.

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L’erreur est-elle la « privation de certitude », la privation d’une idée certaine, c’est-à-dire adéquate, excluant soit la présence soit l’idée de l’objet imaginé ou perçu ?

L’erreur n’est pas seulement une privation. Manquer d’une idée vraie, c’est ignorer, non se tromper : en elle-même l’idée inadéquate n’est pas fausse, elle ne l’est que par rapport à l’idée vraie ; mais non à l’idée vraie en elle-même, car on ne dit pas que l’animal se trompe ni l’homme qui ne fait qu’imaginer ou percevoir : ils ne se trompent pas, mais leur idée n’est pas adéquate, elle est mutilée et confuse. Encore ne l’est-elle que par rapport à l’idée adéquate. On ne se trompe que quand on croit qu’on est dans le vrai, c’est-à-dire l’erreur est la privation d’une idée adéquate dans l’être qui croit qu’il en a une. La privation d’idée adéquate n’est donc que la condition négative et objective de l’erreur : c’est la condition de l’erreur en soi : la condition positive de l’erreur actuelle est une condition subjective : la présence et l’union à une idée inadéquate d’une autre idée inadéquate qui affirme qu’elle est adéquate. Affirmer d’après le témoignage des sens que le soleil est à 200 pas, autrement dit voir le soleil à 200 pas sans l’exprimer par une affirmation explicite, n’est pas simplement l’imaginer, ou si l’on veut le percevoir au sens de se représenter sans entendre, c’est-à-dire sans affirmer l’être, l’absolu, le πέρας ; car l’animal ou l’enfant ni n’affirme analytiquement des mesures (200), ni même ne considère ses images comme déterminées absolument, ce qui suppose la mesure, mais seulement relativement (la dyade indéfinie du grand et du petit). La vision du soleil à 200 pas n’est pas contenue dans l’idée confuse de l’image corporelle, c’est-à-dire du mouvement corrélatif du corps, lequel résulte du mouvement des autres corps, c’est-à-dire les contient, ainsi que son idée est l’idée confuse de notre corps et de ces corps indéfiniment. Pour parler autrement la représentation pure n’est que la liaison de nos sensations entre elles et leur dépendance de notre désir, elle ne con-