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J. LAGNEAU.FRAGMENTS.

l’absence des conditions de son application, c’est-à-dire dans l’interférence ou confusion de deux ordres irréductibles.

Ce qui manque à l’affirmation fausse ce n’est pas toute idée vraie, toute idée (ne pas confondre les pures erreurs de mots, ma maison s’est envolée… avec les vraies erreurs, 200 pas ou volonté libre), mais la distinction d’une idée vraie supérieure d’avec la représentation inférieure et la perception dans celle-ci des conditions d’application de celle-là : c’est-à-dire que cette idée vraie, en un sens, n’est pas vraie et n’est pas vraiment une idée : elle est vraie en elle-même, c’est-à-dire dans sa liaison avec ses paires ; elle est fausse en tant qu’appliquée hors de propos, au 1er degré si les deux ordres sont immédiatement en contact, c’est-à-dire s’il y a réellement une application de l’un à l’autre, au 2e s’ils ne le sont pas, c’est-à-dire s’il n’y en peut avoir (Ex. : volonté libre : application directe de l’absolu à l’acte sans intervention du déterminé (intermédiaire) ; plus vraie en un sens que l’idée de la pure détermination non jugée et comprise à son tour.

Ainsi la vérité est dans la distinction des ordres et dans la perception de leur subordination. Il y a une vérité de chaque ordre en lui-même, une de son explication par le supérieur et de son application à l’inférieur, et une de l’insuffisance de tout cela. Ce que Spinoza reconnaît quand il dit qu’il ne faut pas expliquer les modes de la pensée par ceux de l’étendue ni inversement, et que la certitude n’est donnée que par la vraie méthode indiquant l’ordre réel de génération des idées.

Sans cette intellection et compréhension des ordres les uns par les autres, de l’inférieur, matière, par le supérieur, forme :

1. L’erreur serait inexplicable tout ce qui est pensé, représenté, est vrai.

2. De même le doute : la seule présence d’une idée, même adéquate, ne l’expliquerait pas : elle supprimerait l’adéquate ou coexisterait ; pour qu’il y ait doute il faut qu’il y ait plus même que cette idée adéquate et que l’autre ; il faut savoir qu’il y a une convenance, une application possible de l’une à l’autre, et défaut de perception des conditions de cette application.

3. De même la recherche : elle suppose une préconnaissance de conditions à remplir, vraies ou fausses.

4. De même l’affirmation explicite ou connaissance, car sans intervention d’un autre ordre, elle ne serait que la même croyance