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REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

l’un et de l’autre ; le fond des phénomènes est là, dans leur inséparabilité, dans le mouvement tendant à leur parfaite adaptation, mais il n’est possible que si celle-ci est déjà pleinement réalisée : le sentiment absolu, fond de l’être.

Le sentiment est un fait psychologique immédiatement lié à un fait physiologique, l’irritabilité (propriété fondamentale de toute matière vivante, en particulier des muscles comme des nerfs). Mais dans certaines conditions excitation du nerf sensitif (impression), (distinct du nerf moteur) transmission, ébranlement du cerveau (mêmes conditions que pour la sensation objective) ; mais l’impression peut être produite aussi dans le système nerveux du grand sympathique (plaisirs et douleurs attachés à la vie végétative).

Le sentiment existe non pas dans la conscience, phénomène intellectuel supérieur, mais dans le sens intime, ou plutôt il le constitue ; le fond de notre moi, c’est le sentiment immédiat de notre être, de la facilité ou de la difficulté qu’il trouve à être, à se maintenir.

71

La douleur est autant que le plaisir conforme à la nature, car elle en est absolument inséparable, comme lui, et lui est même antérieure.

72

Habitude : elle supprime toujours la sensibilité, mais lui permet, en affranchissant l’activité, de se reconstituer sur un terrain nouveau et sous une forme nouvelle, plus parfaite et plus vive (qu’il s’agisse de douleur ou de plaisir), sous l’action de l’intelligence.

D’où évolution intellectuelle.

73

Les sentiments relatifs ne sont pas seulement susceptibles d’une évolution indéfinie sous l’action de l’entendement, mais d’être sinon anéantis, du moins subordonnés et dominés par la raison, activité parfaite, inséparable du sentiment pur sans mélange de douleur, l’amour-joie, sentiment de l’activité parfaite.

74

Explication du plaisir et de la peine par leur cause.

1. Le plaisir est-il un sentiment agréable conforme à la nature, la peine un sentiment désagréable contraire à la nature ? Non, à moins qu’on n’entende la nature idéale, absolue, car tous deux également sont conformes à la nature réelle, phénoménale ; tous deux