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Page:Revue de métaphysique et de morale, année 16, numéro 6, 1908.djvu/109

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G. DWELSHAUVERS.LA PHILOSOPHIE DE LAGNEAU.

des phénomènes ; se sera la méthode réflexive, qui consiste à étudier nos représentations non en tant qu’elles nous orientent vers l’objet, mais en tant qu’elles participent à la vie spirituelle du sujet. Or, nous pouvons le faire, grâce à cette propriété de la conscience de garder le retentissement des représentations, même les plus confuses, et des sentiments qu’éprouve le sujet à leur propos, ou, en d’autres termes, d’en avoir l’idée. L’analyse de la réflexion consciente ou analyse réflexive se porte donc sur des idées, non en tant que concepts abstraits, mais en tant que données conscientes, vivant par la pensée et portant chacune tous les caractères de la pensée. En analysant n’importe quelle idée, on y trouvera donc tous les caractères de la pensée.

La pensée elle-même n’est pas une idée ; elle est l’acte qui pose les idées. Cet acte ne dépend pas du sujet. Le moi du sujet est l’expression, dans une sensibilité, de l’application de la pensée une et intégrale à la multiplicité qui constitue, pour chaque conscience individuelle, le donné. L’acte de pensée lui-même est supra-individuel, il est un et absolu.

Telles sont, en résumé, les idées directrices de la première partie de l’exposé.

La seconde partie, traitant de la doctrine de Lagneau, comprend plusieurs subdivisions : § 1. Le système mental ; § 2. Étendue, espace et temps ; § 3. Erreur, doute et certitude, se subdivisant en : A. Affirmation et négation ; B. Théorie de l’erreur ; C. Théorie du doute ; D. Rapport du doute et de la liberté rationnelle ; E. À propos de Spinoza ; § 4. La liberté ; § 5. Dieu.

L’énumération seule de ces questions vous indique qu’il me serait impossible d’en donner ici un aperçu complet. Pour le système mental et les problèmes de l’espace et du temps, il faut suivre Lagneau dans ses analyses ; résumer les conclusions en quelques mots, ce serait perdre le profit de la recherche méthodique ; au surplus, il lui arrive souvent de considérer comme plus important de poser les problèmes que d’en donner la solution dans une formule aisée â retenir. Il a écrit que la philosophie consistait pour lui â éviter la clarté superficielle et à pénétrer le plus profondément possible dans la réalité, au risque d’abandonner les solutions claires. Nous indiquerons simplement ses tendances dans la question du doute et de la certitude, de la liberté et de Dieu, et suivrons le fil