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Page:Revue de métaphysique et de morale, numéro 2, 1920.djvu/19

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élevé contre les diplomaties secrètes qui trompent les nations ; combien de diplomaties et de tractations secrètes, mais à l’intérieur même des nations, mériteraient bien plus évidemment encore une telle condamnation ! On comprendrait encore ces mystères si aucune loi ne protégeait aisément les inventions et les découvertes réelles, même les plus menues, et jusqu’aux dénominations les plus ambitieuses ou les plus saugrenues dont on affuble les produits de l’imagination commerciale. Mais de telles lois existent et dès lors le mystère n’est plus guère motivé que par des raisons peu avouables de lucre injustifié.

On parle de la loi de l’offre et de la demande comme d’une loi d équilibre et de justice. Oui, si elle fonctionnait comme dans les livres d’économie politique. Mais la réalité est tout autre. En fait, l’acheteur au détail ne sait presque pas ce qu’il fait. Il n’a que des moyens très limités de comparaison et de contrôle : sur les marchés ruraux des denrées, l’influence des acheteurs est à peu près nulle, car on refusera de leur vendre une douzaine d’œufs on une livre de beurre tant que « le cours ,» n’aura pas été fixé par quelques gros intermédiaires ou spéculateurs ; le cours tombe on ne sait d’où, élaboré dans de lointaines officines commerciales.

On avait parlé d’enrayer la spéculation et la hausse de toutes marchandises en faisant afficher les prix de gros, à côté des prix de détail. L’acheteur aurait vu clair ; il était enfin armé. Plus besoin de taxe ni de réquisition, la lumière eût suffi ; mais on sait qu’elle n’a pas été allumée, et l’on devine trop facilement pourquoi. Il sera donc permis de savoir, par leurs bilans ce que gagne la Standard Oil ou ce que perd une compagnie de chemin de fer. Mais il sera défendu de savoir quelle majoration sur le prix de fabrique prélève un magasin de nouveautés. Il est vrai que de temps en temps on apprend qu’une perquisition a eu lieu, que les livres ont été saisis. Mais on ne saura jamais de quel magasin il s’agit, et la comptabilité ira se perdre dans les arcanes d’un cabinet de juge d’instruction sans que les résultats de l’enquête soient jamais publiés. Ne serait-il pas plus simple, plus sûr, plus inattaquable au point de vue du droit et de la liberté, de rendre simplement accessible au regard des intéressés, c’est-à-dire du public, les éléments mêmes de l’opération commerciale ? N’est-il pas préférable que ce soit le public et non le juge d’instruction qui ̃̃« saisisse ». sans aucune perquisition ? Mais les commerçants ont résisté de toutes leurs forces à ce « droit de regard » réclamé et pra-