Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 3, 1908.djvu/7

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livre d’étude, comme un véritable cours. — Aucun effort pour distinguer, dans un esprit véritablement scientifique, ce qui est vérité reconnue, comme faits ou comme lois, des hypothèses personnelles et hasardeuses ; — des lacunes que rien n’explique : trois lignes, par exemple, sur le jugement ; — nul enchaînement des chapitres dont chacun ignore tous les autres et dont la distribution ne se réfère à aucune vue générale de la vie mentale ; — en chaque chapitre, nul plan, nulle distinction ni organisation systématique des questions secondaires ; ce sont là des fantaisies ou des incohérences qui rendent difficilement utilisables les idées ingénieuses que l’auteur a semées en son livre.

Psychologie d’une Religion, par Revault d’Allonnes. 1 vol in-8 de 289 p. ; Paris, Alcan, 1908. — Guillaume Monod (1800-1896) à la suite de troubles mentaux qui ont duré de 1832 à 1836 et qui ont nécessité son internement, s’est cru Jésus-Christ ; pour reprendre ses fonctions de pasteur, il a, pendant vingt-six ans, gardé le silence sur son caractère divin et sur sa mission ; à partir de 1872 il a prêché sa messianité, groupé autour de lui un petit nombre d’adeptes profondément convaincus, enseigné une théologie sommaire, défendu, par des raisonnements compliqués et parfois subtils, sa divinité et son église contre les attaques de sa famille, de ses anciens collègues et de l’église protestante.

Son église lui a survécu ; il y a encore 200 monodistes environ. Quelques-uns (une trentaine) ont été, à la période de fondation, ou sont encore des prophètes, du point de vue psychologique diversement inspirés. Il y a aussi un groupe de gens rassis et dialecticiens qui ont cru par la doctrine.

L’auteur s’est procuré les ouvrages très rares où G. Monod a consigné son histoire et sa doctrine ; il s’est mis en relation directe avec les monodistes, il a fait leur histoire et observé leur prophétisme. En cela consiste le mérite de son livre.

Mais, contrairement à son titre, il n’apporte pas la psychologie de cette religion dont il esquisse l’histoire, et contrairement aux promesses de sa couverture il n’apporte rien sur la psychologie de la révélation et de l’inspiration. Il n’a pas vu que décrire n’est pas la même chose qu’analyser et expliquer et, dans cette étude sur la personnalité et la religion de G. Monod, ce qu’il laisse de côté, ce sont justement les problèmes psychologiques. D’autre part, s’il a bien compris que son étude ne pourrait être utile que par le rapprochement de Monod et de ses disciples avec d’autres personnalités religieuses, des messies antérieurs, des prophètes et inspirés, faute de connaissances nécessaires, cette partie de son travail (1re partie, ch. III ; 2e partie, ch. III) est, du point de vue historique, souvent inexacte, et presque toujours superficielle ; et comme, du point de vue psychologique, il n’en tire rien de précis, il s’ensuit qu’il ne fait pas plus la psychologie de l’inspiration en général qu’il n’avait fait celle d’un inspiré en particulier ; ces deux parties de l’ouvrage ne s’éclairent point réciproquement.

En effet, l’évolution psychologique et pathologique de Monod n’est pas analysée. La période 1827-1832, mieux étudiée, aurait donné des renseignements utiles sur la fonction du délire et sur les expériences religieuses, dont il est en partie le produit. La période même du délire, avec ses hallucinations et la résistance du malade, la longue période de dissimulation ; l’intervention d’une voix dans la conscience de Monod, l’automatisme verbal, l’interaction de la personnalité et de la doctrine du maître et ses disciples, pourraient, croyons-nous, donner beaucoup plus au psychologue et à l’aliéniste.

L’auteur, préoccupé de prouver certaine thèse sur le caractère normal de ce fondateur de religion, essaye d’établir qu’au point de vue théologique, les affirmations et la doctrine de Monod sont aussi correctes que celles de ses adversaires. Sans discuter cette thèse, notons que l’auteur se laisse entraîner par elle à bien des développements inutiles. En quoi l’exposition d’ailleurs très superficielle du modernisme est-elle nécessaire ? Rien de commun entre l’école historique dite moderniste et l’exégèse de Monod. En revanche, l’auteur aurait pu trouver des méthodes d’exégèse comparables dans beaucoup de sectes qu’il ne paraît pas connaître.

Leçons élémentaires de psychologie et de philosophie. Nouvelle édition, revue et considérablement augmentée, par Abel Rey, professeur agrégé de philosophie et docteur ès lettres, 1 vol. in-8 de 1042 p. Paris, Cornély, 1908. — La première édition du Manuel de M. Rey (1903) ne contenait que 632 p. On voit l’importance matérielle des additions que M. Rey a écrites en vue de cette seconde édition. Quant au contenu de ces additions, elles portent sur certains points intéressants de psychologie, tels que la mémoire, la distinction de l’imagination reproductrice et de l’activité inventive, le caractère, etc. Sur l’exposé historique des théories morales ou métaphysiques, la