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principale innovation concerne la logique, qui est rajeunie par l’introduction de notions historiques sommaires sur le développement des sciences. Le souci de M. Rey est demeuré ce qu’il était dans la première édition, à savoir se tenir aussi près que possible du mouvement actuel des idées, ramenant les doctrines à leur expression la plus simple, en évitant toute argumentation dialectique, toute décision dogmatique partout où l’expérience positive n’apporte pas encore de conclusion.

Psychologie et Morale appliquées à l’Education, par F. Alengry, 1 vol. in-8 de viii-355 p. Paris, Alcide Picard, 1908, — C’est le 3e volume de la série commencée par M. Alengry, il est fait pour le cours de 3e année des Écoles normales. Il suit le programme de très près et en illustre l’esprit par de nombreuses citations de circulaires, arrêtés et discours ministériels de J. Ferry à nos jours. Ce livre est d’ailleurs principalement un recueil de bons extraits habilement mis en œuvre et très utiles au public spécial auquel il s’adresse. Les « secondaires » même liront avec intérêt certaines pages sur l’interrogation en classe, sur les divers types d’écoliers, etc., où l’on retrouve d’excellentes remarques de MM. Boutroux, Mélinand, Philippe et Boncour, de James Sully, des Drs Laurent et M. de Fleury, avec les références nécessaires. Faut-il reprocher à l’auteur une allure scolaire et livresque un peu excessive ? On regrette le « plein air » de M. Payot. Des citations et des renvois coupent bizarrement l’effet des meilleurs morceaux, comme s’il s’agissait moins de faire sentir les choses que, suivant un mot qui a échappé évidemment à M. Alengry, de fournir des « thèmes à développement » (p. 188). Pourtant bien des pages nous assurent de la parfaite sincérité de l’auteur comme celles où, soucieux d’adapter l’école au milieu contemporain, il insiste sur les besoins sociaux de l’heure présente, et sur ceux qui lui paraissent les plus essentiels de tous : être des gouvernés « déférents, confiants, patients » vis-à-vis d’un pouvoir central aujourd’hui légal (p. 150 et suiv.) ; avoir « le sens des réalités pratiques », le « respect de la loi ; ordre et progrès », le sens de la « liberté individuelle » et du « bien public » contre les associations multiples qui risquent d’asservir l’une et de morceler l’autre, contre l’ennemi, jamais nommé mais toujours présent dans ces dernières pages : le syndicalisme révolutionnaire.

Le mobilisme moderne, par A. Chide, 1 vol. in-8 de 292 p. Alcan, 1908. — Nietsche semblait avoir fait peu de disciples en France : quelques esprits ardents paraissent pourtant se proposer aujourd’hui de nous donner quelque chose de sa manière romantique et violente, de son dogmatisme négatif, de sa philosophie au fond si essentiellement antiphilosophique. M. Jules de Gaultier représentait cette tendance : il faut joindre désormais à son nom celui de M. Chide. Dans un livre écrit de verve, dont il faut reconnaître, à défaut de qualités plus profondes, qu’il amuse et se fait lire, M. Chide nous retrace à vol d’oiseau l’histoire de la pensée théologique d’abord, puis de la pensée métaphysique à partir du christianisme, et nous y fait voir un effort continu pour résoudre le vieux problème éléatique de l’un et du multiple au profit de l’un. L’idée centrale de l’œuvre est que la philosophie moderne tout entière est une théologie laïcisée où l’on se contente seulement d’appeler Raison ce que le moyen âge appelait Dieu. Pourtant, notre temps commencerait à s’apercevoir de la vanité de ce long effort : d’abord, l’idée hégélienne d’évolution, puis l’idée darwiniste d’évolution sans but ni loi, enfin l’idée bergsonienne d’une évolution contingente et créatrice, inexprimable en concept, irréductible à aucune logique et où se dessinent seulement je ne sais quels vagues rythmes, — ces trois idées, selon M. Chide, viennent enfin renverser la vieille superstition de la Raison, de Dieu ou de l’Un ; et, réconciliant « les deux ennemis farouches, religion et science, unis soudain au nom de l’Immuable », font apparaître contre eux l’universel mobilisme.

La psychologie inconnue, introduction et contribution à l’étude expérimentale des Sciences psychiques, par E. Boirac, 1 vol. in-8 de 346 p. Paris, Alcan, 1908. — Ce livre est pour la plus grande partie un recueil d’articles : d’où beaucoup de redites et d’inutilités. L’auteur, s’appuyant sur des expériences personnelles et rappelant des espérances déjà connues, veut restaurer, comme convenant seule à une catégorie de faits, l’hypothèse du magnétisme animal, c’est-à-dire « d’une force qui, à la différence de la suggestion, consiste dans l’influence encore non définie, non étudiée, qu’un organisme exerce sur un autre, une force externe ou inter-organique, qui présente les plus grandes analogies avec l’électricité et le magnétisme, du moins autant que nous pouvons en juger, jusqu’ici par ses effets » (p. 308). Les faits qu’il a lui-même observés et produits consistent en somme en des actions à distance (anesthésies, paralysies, modifications diverses de la sensibilité