Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1910.djvu/14

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perz. Préparé par de beaux travaux de détail à une synthèse générale, maître des ressources de la philologie, M. Gomperz se méfie des innovations inutiles. Par exemple, il ne veut pas d’une transposition des livres de la Politique (p. 345). L’exposé de la morale aristotélicienne est intéressant. Toutefois l’analyse de la théorie du juste milieu manque de netteté (p. 275-276) ; on trouve des indications plus précises dans l’édition de Burnet et dans les cours de Brochard. P. 282-283, M. Gomperz insiste sur les différents types de vertus distingués dans la doctrine d’Aristote ; le chapitre sur l’amitié (p. 313-324) est excellent. On remarquera aussi les considérations que suggère à M. Gomperz la théorie d’Aristote sur l’esclavage.

Avec raison, M. Gomperz fait la part très grande à la morale d’Aristote et, visiblement, il se plaît à en rappeler tous les détails. Son exposé donne partout l’impression que cette morale peut encore nous être utile et qu’elle a un intérêt intrinsèque, et non pas seulement un intérêt historique. Dans le chapitre abondant qu’il consacre à l’Esthétique d’Aristote, M. Gomperz résume avec un grand bonheur d’expressions ses travaux antérieurs et bien connus sur le même sujet. Théophraste est traité avec plus de développement qu’on ne le fait d’ordinaire.









Das Substanzproblem in der griechischen Philosophie bis sur Blûtezeit

(Seine gesehiehUiche Entwicklung in syslematischer Bedeutung), von D’’ Bbuko

Bacch, 1 vol. in-S" de xi-263 p., Heidelfoerg. Cari Winter’s Universitatsbuch’handlung, 1910. – L’objet de cet ouvrage est d’étudier la formation de la notion de substance dans la philosophie grecque. La substance estdéflnie ce qui demeure constant parmi le changement continuel des phénomènes (p. 7). L’auteur examine successivement les doctrines des Ioniens (en y comprenant Heraclite), des Élëates, des atomistes, des Pythagoriciens, des sophistes, enfin de Platon et d’Aristote. Son étude a" un caractère systématique (’Préface, p. vin), car il s’agit de démêler les oeuvrés anciennes ce qui peut conserver une valeur pour la spéculation moderne. M. Bauch subit visiblement l’influence de MM. Cohen et îïatorp, auxquels il se réfère sans cesse. Il leur doit une tendance marquée à transformer toutes les questions en problèmes épistémologiques et à ramener toutes les

théories, par des traitements appropriés, à la doctrine de Kant.

Voici quelques exemples du procédé. Heraclite, en affirmant le changement indéfini, semble, au premier abord, nier la réalité de toute substance (p. 25). Mais, il distingue soigneusement les données des sens et celles de la raison, et, s’il combat l’autorité de Sa pensée individuelle (p.. 28), il oppose à cette pensée le logos, principe rationnel et universel de connaissance (p. 29). Du point de vue du logijs, le feu est, pour Heraclite, la substance éternelle, ce qui demeure sous tes apparences (p. 35). Avec les Bléates et notamment avec Parménide, commence l’étude logique du concept de l’être,: cette analyse logique met en lumière les contradictions qui opposent les sens à l’intellecf. (p. S0-S2) et parla elle concourt, d’une manière indirecte encore, à la formation de la notion de substance (p. 58). Démo*crite, dépouillant l’être de toute qualité sensible, nous laisse en présence d’un être logiquement pur, en qui la forme et la matière vont coïncider, c’est-à-dire déjà de la substance (p. 88-90). Pour les Pythagoriciens, M. Bauch ne veut pas se fier à l’interprétation systématiquement hostile d’Aristote (p. 93, Si, note). Sans nous fournir encore une notion positive de la substance-, les Pythagoriciens déterminent les conditions générales dans

lesquelles toute substance peut être connue (p. 106), Avec les sceptiques et par cela seul que les sceptiques nient la valeur de la connaissance sensible, le probléme de la connaissance va prendre une position centrale (p. 128-129) et une nouvelle sorte de philosophie va commencer. Socrate. en subordonnant toute science à la science de l’esprit, fournit le point de départ de la recherche de Platon (p. i 33-1 Si). L’œuvre de Platon est sans doute la plus importante contribution que l’antiquité ait fournie au problème de la substance (p. 214). Platon a posé te problème d’une manière définitive. Selon lui, la permanence de la raison considérés dans sa totalité, exige la présence d’un élément permanent. sous les phénomènes. Cet élément c’est la substance qui se réalise dans l’espace. L’espace, qui est permanent, ne peut être identique a la substance, car il est constitué par un système .de relations et ne peut pas être » en soi (p. 208-2.16). Aristote n’a rien compris au platonisme (p. 21