Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1910.djvu/25

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liste rencontre des fins : la biologie est, peut-on dire, le règne des fins. La biologie sans téléologie, non-sens conceptuel, est pratiquement inexistante. Toute pensée biologique est théologique. Et la série vitale est distincte de la série causale et mise en branle par des facteurs psychiques. Dans un second article (paru dans le 2e cahier du 136e volume de la Zeitschrift) Wagner essaye de fonder ce psycho-vitalisme en montrant qu’il est exigé par l’induction biologique.

Karl Siegel donne à son étude ce sous-titre : Essai d’un fondement exact du vitalisme. Il note que le mécanisme n’a pas tenu dans la seconde moitié du












xixe siècle les promesses qu’il avait faites dans la première. Et il essaie de fonder, non pas tel vitalisme particulier, la théorie des entéléehies de Driesch, par exemple, mais le vitalisme en général. Le vitalisme n’introduit pas selon Siegel une différence de nature, mais une différence de degré seulement entre le monde des organismes et le monde inorganique. Le vitalisme est défini la théorie d’après laquelle les phénomènes de la vie ne se laissent pas réduire sans résidu à des lois physico-chimiques c’est en effet une définition qui a sur toutes les autres l’avantage de les recouvrir toutes, et de ne pas impliquer l’acceptation de tel ou tel principe proposé par tel ou tel savant t pour rendre compte de la vie. Le physicien ne, s’occupe pas de tel ou tel morceau de craie; au contraire ce qui intéresse le biologiste, c’est l’individu et la destinée de l’individu. Pourtant cette différence n’est pas absolue, car en astronomie, par exemple, on s’intéresse bien à la marche et à l’histoire de tel corps céleste. Depuis Hering on sait qu’il faut attribuer très généralement la mémoire à toute matière organisée ici encore il n’y a qu’une différence de degré; la matière inorganique manifeste également des phénomènes de mémoire. La

biologie est dominée nécessairement par le point de vue historique; mais il n’est pas h dire pour cela que ce point de vue soit totalement absent des sciences physico-chimiques. Le travail de M. Siegel s’inspire visiblement, comme celui de M. Adblf Wagner, d’une tendance à refaire le monisme par en haut, c’est-à-dire non pas en réduisant le supérieur à l’inférieur, mais en retrouvant dans l’inférieur, atténuées et dégradées, les propriétés que le supérieur manifeste dans leur plénitude. Ces études méritent l’intérêt, moins peut-être par les points de vue qu’elles apportent que par les précisions nouvelles qu’elles donnent à des points de vue anciens déjà. De plus il suffit de surveiller la production philosophique allemande actuelle pour constater que le problème du vitalisme y est vraiment à l’ordre du jour ainsi le livre de Pauly, Darwinismus and Lamarcltismus, esquisse d’une téléologie psychologique, a suscité toute une littérature où le livre de Wagner, Der Neue Kurs in der Biologie, tient une place d’honneur.

M. Otto von der Pfordt en étudie la causalité historique el biologique. 11 se demande quelle espèce de causalité se manifeste, dans les lois historiques; il détermine un type spécial de causalité, la. Gabelkausalili.i.t, la causalité bifurquée où une cause apparaît comme liée nécessairement à deux effets c’est la «’ causalité spécifique de l’histoire, non pas la seule qu’elle connaisse, mais bien la seule qui lui soit propre, qu’elle ne partage pas avec les sciences de la nature. Mais si la causalité bifurquée est la causalité même de l’histoire, elle doit aussi être la causalité propre à la science historique de la nature, qui est la biologie M. von der Pfordten étudie à ce point de vue les notions desôlection, d’adaptation et d’hérédité. M. Oscar Evvald, dans un article intitulé. Darwin et Nietzsche, se demande si, comme on le prétend ordinairement, Nietzsche fut évolutionniste et darwinien. 11 résout la question par la négative, pour des raisons dont quelques-unes au moins ne sont pas convaincantes « La théorie du surhomme est la négation de e~ l’évolutionnisme et du darwinisme. » Sous le titre prometteur die Logi/c lit den Xaturwissenschaften, M. Rohland fait quelques justes remarques sur les erreurs logiques commises par les physiciens et les chimistes qui considèrent comme des faits de simples hypothèses non démontrées, telles la théorie moléculaire, celle des ions. Souvent aussi on prend les atomes pour des réalités quand ils ne sont par hypothèse que de simples symboles de rapports, etc,. Des remarques de ce genre seraient d’une utilité plus considérable si elles devenaient une critique systématique des sophismes résultant d’un manque de culture logique. M. OttonJansen apporte unacontribution à l’analyse de la volition, où il étudie .plua spécialement les éléments représentatifs du vouloir et leur rôle dans la volition. Une représentation ne saurait jamais à elle seule déterminer une volition l’action est impossible sans l’intervention du sentiment, mais d’autre part la constance relative des sentiments ne peut rendre