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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1910.djvu/29

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actuelles en philosophie. L’idéalisme de Kant et le positivisme de Comte ont ébranlé la confiance absolue qu’avaient jadis les savants en leurs recherches physiques. Les lois de la nature qui furent considérées autrefois comme absolues ne sont envisagées aujourd’hui que comme des résumés typiques de l’expérience dans le passé. Après avoir critiqué cette conception aussi bien que celle du pragmatisme, M. Wolf conclut que la réalité est en général indépendante de nous et, étant donné que la vérité de nos croyances s’appuie sur cette réalité, il s’ensuit qu’elle est indépendante de nous.

G. F. Stout. — Les présentations sont-elles psychiques ou physiques ? Analyse singulièrement pénétrante de quelques états de conscience en vue de déterminer leur nature. Les caractères distinctifs entre les objets physiques et la donnée psychique sont ainsi déterminés. Les premiers sont spatiaux et impénétrables. Aussi bien leurs états stables que leurs changements sont déterminés par l’immense système complexe des phénomènes. L’esprit d’autre part est un centre d’activité et de sentiments se manifestant tantôt par la connaissance et l’attention, tantôt par les phénomènes de plaisir et de peine.


THÈSES DE DOCTORAT

Thèses de M. Darbon, professeur agrégé de philosophie au lycée de Bordeaux (jeudi 9 juin 1910).

1. Du concept de hasard dans la philosophie de Cournot.

Sur la demande de M. Lévy-Brühl, M. Darbon expose le sujet de sa thèse complémentaire.

J’ai fait du concept de hasard chez Cournot une étude critique destinée à déterminer ce que nous en pouvions, aujourd’hui, retenir. Philosophe de l’induction, Cournot est amené à concilier les deux formules que, dans un même chapitre, il énonce comme incontestables : « Tout phénomène a une cause. » — « Le hasard a une part notable dans le gouvernement du monde. » Il concilie ces deux thèses au moyen de la notion d’ « indépendance des séries collatérales de causes » : ces séries ressemblent aux branches d’un même arbre généalogique. Le fait fortuit n’est autre qu’une rencontre de deux séries. Telle est, en raccourci, la théorie que Cournot veut établir par des exemples et non pas par une argumentation dialectique.

Pour cela, il emprunte à Newton l’idée









de, , du système mécanique chaque élément de ce système est régi par des lois nt éternelles ; mais la connaissance de ces es lois ne donne point celle de l’état actuel nt du système if y faut ajouter la connaisse sance d’un état initial qui est un fait le inexphcable. Les données théoriques is voilent une donnée historique. Affirmantion dogmatique qui soulève deux diffiicultes d’une part, il est étrange qu’une st reprise de l’argument dirigé par Kant t, contre toute connaissance de l’Absolu |suffise à établir la réalité du hasard— en it outre, Cournot distingue ailleurs deux ordres d’existence, le sensible et l’intel.• ligible or, en Dieu, la cause, c’est sa e volonté, et sa volonté, c’est sa raison » s Je me suis demandé si ce déterminisme r mathématique s’accommodait de l’exis3 tence de la fortuite. Mais un nouveau problème se greffa sur cette question d’ordre général c’était celui du rôle du hasard dans les faits rationnels. Dans la série u par exemple, les chiffres, dit Cournot, se distribuent comme au hasard on ne saurait s’en étonner puisque la répartition de ces chiffres dépend de deux lois, la définition de la grandeur mesurée par n la convention du système décimal ; dans le monde mathématique comme dans le monde physique, le concours de deux séries indépendantes donne un fait fortuit. Le hasard est donc dû la rencontre non seulement de deux séries de causes mais aussi, dans l’ordre rationnel, de deux séries de raisons. Contre Renouvier qui contestait l’exemple même choisi par Cournot, j’ai établi, par une minutieuse vérification (sur 530 décimales) l’exactitude du fait lui-même ces 330 chiffres sont distribués comme au hasard. Mais je me suis refusé à dire qu’ils sont réellement distribués au hasard. Tout d’abord, Cournot n’aurait raison que si j toutes les combinaisons de chiffres étaient également pussibles j’ai montré qu’il n en était rien. En outre, Cournot s’est mépris sur le rôle joué dans le développement de Tt par le système décimal le hasard est dans Je choix de la convention, mais il n’est que là. Ce n’est donc pas 1 « indépendance de l’ordre des faits rationnels », mais ce choix, et ce choix seul, qui amène le fortuit. La position de Cournot est instable •il aurait dit s’accorder soit avec Laplace’ soit plutôt avec Renouvier qui a su éviter la distinction erronée faite par l’auteur de La marche des Idées— entre « solidarité » et <— nécessité ». M. Milhaud félicite le candidat d’avoir