Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1910.djvu/7

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de ce phénomène. L’observation montre qu’un grand nombre de rêves sont le prodrome ou le symptôme d’affections bien déterminées ; il n’est pas de forme vesanique qui ne soit précédée ou accompagnée de rêves ; ces derniers pouvant du reste soit représenter l’accident initial d’où semblent découler tous les troubles, soit n’être qu’un symptôme avant-coureur par où se manifeste en premier lieu la perturbation mentale. Bien que le rêve ne soit pas en lui-même un phénomène pathologique, il signifie toujours susceptibilité nerveuse, manifestation névropathique légère. Le grand défaut du symptôme morbide, c’est d’être un réactif trop sensible, « Il crie au meurtre au moindre soupçon d’alerte. » Pourtant certains caractères permettent d’affirmer son origine nettement pathologique : la douleur, le réveil au milieu de la nuit, l’homogénéité, la stéréotypie, la persistance du souvenir. Ces signes peuvent mettre sur la voie de lésions qui n’ont encore donné lieu à aucune manifestation morbide.

Bien documenté, solidement construit, ce livre est une bonne contribution à l’étude du rêve.

Vie de Sénèque, par René Waltz. 1 vol. in-8 de 462 p., Paris, Perrin et Cie, 1909. — Ce livre agréablement écrit contient une longue étude sur la vie politique de Sénèque. Selon M. Waltz, Sénèque a joué, au début du règne de Néron, un rôle politique de première importance ; il a été, en quelque sorte, le premier ministre du jeune empereur. Le commencement du règne de Néron est marqué par une série de mesures judicieuses et dont la plupart furent bienfaisantes. C’est à l’initiative de Sénèque que ces mesures sont dues, selon M. Waltz (p. 5, 231 et suiv.).

Cette thèse intéressante et nouvelle demanderait un ensemble de preuves irrésistibles. Ces preuves font entièrement défaut dans le livre de M. Waltz, qui, malgré ses références nombreuses, a toutes les allures d’un roman. Les écrits de Sénèque contiennent de nombreux développements relatifs à la politique. Mais ils sont très pauvres de renseignements biographiques. Les doctrines politiques qu’on y rencontre sont d’ordinaire empruntées à des originaux stoïciens. Quant aux livres des historiens, Tacite ou Dio Cassius, Sénèque y joue un personnage assez effacé et nulle part, M. Waltz en convient lui-même, on ne trouve une allusion au prétendu « ministère de Sénèque ». Toute la thèse de M. Waltz repose donc sur un ensemble d’inductions et elle dépasse les sources. Par exemple, M. Waltz suppose que Sénèque eut la faculté d’employer le sceau impérial (p. 237). Il admet que les tentatives faites, au début du règne de Néron, pour restaurer le pouvoir du Sénat se rattachent à la doctrine exposée dans le De Clementia (p. 251). Les réformes financières qui suivent l’avènement de Néron, sont, d’après M. Waltz, l’œuvre de Sénèque. Pareillement c’est à Sénèque qu’il faut attribuer les efforts faits au même moment pour épurer l’administration de la justice. Bref, dans toute mesure utile prise pendant les premières années du règne de Néron, on doit retrouver la main de Sénèque. Toutes les démonstrations de M. Waltz sont faites suivant la même méthode : 1° tout ce qui a été fait de bon pendant le règne de Néron remonte au début du règne ; 2° les différents écrits de Sénèque, surtout le De Clementia, contiennent, en matière politique, une foule de suggestions intéressantes ; 3° Sénèque a exercé sur Néron










jeune une influenee considérable. De ces trois propositions dont la première est, en partie, une hypothèse et dont les deux autres n’ont pas de rapport entre elles, "M. Waltz conclut que Sénèque a exercé effectivement le pouvoir. En somme nous nous trouvons en présence de conjectures et l’on pourrait sur les mêmes textes, sans moins de vraisemblance, fonder une interprétation opposée du rôle de Sénèque. Ce n’est pas Vie de. Sénèque, qu’il eût fallu intitu’er le livre, mais Apologie de Sénèque, ou encore Discours des vertus de Sénèque. L’Apologie duLuxeau.xvHf siècle. Le Mondain » et" ses sources, par André Mohize. 1 vol. in-16 de 189 p. Paris, H. Didier, 1909, – Ni. André Morize s’est proposé un double but rechercher les sources du Mondain et étudier l’évolution des idées morales relatives au luxe au début du xrm° siècle. De ces deux préoccupations simultanées résulte une gêne, et quelque incertitude dans le plan même de l’ouvrage. Cette réserve faite, nous louons entièrement la solidité et la variété de l’information, autant que l’ingéniosité des inductions et des hypothèses. Le Mondain est l’expression poétique d’une doctrine économique etd’un certain idéal de vie pratique commun’aux riches épicuriens sous la Régence. Le transformation des mœurs et la modification du régime industriel d’une part, la diffusion dé certaines ; théories nouvelles d’autre part, plus ou moins contraires aux idées éthico-religieuses traditionnelles sur les dangers et le caractère pernicieux du