Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1914.djvu/6

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le critérium du progrès de la consommation dans la moindre consommation possible de richesses pour une satisfaction désirée, dans l’art d’utiliser ce qui semblait inutile, enfin dans l’art de reconnaître ce qui répond le mieux à nos besoins. — Le progrès politique est étudié dans son rapport avec l’évolution économique par M. Maxime Kovalewsky, et défini comme un progrès de la solidarité humaine, démocratique et internationale. M. Ferdinand Buisson le définit à son tour sous forme de principes dont il faudrait rechercher selon lui si l’expérience les a confirmes. Ces principes affirment : comme conditions du progrès politique relatives à l’individu, la souveraineté nationale, le suffrage universel, l’instruction intégrale ; — relatives à la collectivité : la république démocratique, la séparation des pouvoirs, la séparation des pouvoirs, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, les perfectionnements du régime représentatif et des institutions parlementaires ; — relatives à l’harmonie de l’individu et de la collectivité : l’institution d’une Cour souveraine de Justice, du referendum, d’assemblées corporatives, la réorganisation des partis, l’arbitrage international. M. Albert Gobat introduit une note concernant l’établissement, d’un Parlement international à pouvoirs limités. — Enfin sur le progrès intellectuel, moral et esthétique, signalons des réflexions de M. Grimanelli tendant à développer la loi des trois états et à affirmer le progrès esthétique. M. Mackenzie détermine l’éducation morale nécessaire en vue du progrès social en cherchant ce qu’on peut retenir de la conception platonicienne de l’éducation. M. Léon Philippe démontre le progrès musical ou double point de vue du progrès harmonique de la composition et du progrès de la réceptivité du public. — Des études sur la Théorie générale du progrès servent de conclusion. M. René Worms examine les définitions qui ont été données du progrès et les répartit en deux groupes ; les définitions morphologiques (l’ordre de Comte, la courbe de Quetelet, l’évolution spencérienne, le développement de la société et la réduction de la communauté de Tœnnies) : les définitions qui réduisent le progrès général à un progrès spécial (la loi des trois états, les définitions économiques de Herbert Spencer et de Y. Guyot, la loi de S. Maine) ; il conclut, dans l’impossibilité d’une théorie définitive, en posant des problèmes à distinguer : le but de l’évolution (adaptation) ; le chemin (hélicoïdal) qui y conduit, l’ordre de marche des divers groupes sociaux (divergence, parallélisme ou convergence imitative), le mécanisme du progrès. M. Kochanowski explique en termes assez obscurs le progrès par la lutte ; M. Wilhelm Ostwald y applique la loi de transformation de l’énergie ; M. Lester Ward la définit par une augmentation de la somme du bonheur et une diminution de la somme des souffrances ; puis il distingue le progrès spontané, structural et moral, et le progrès volontaire. M. de Roberty cherche la source du progrès dans le développement et la diffusion du savoir (physico-chimique, biologique et social) ; M. Novicow dans l’adaptation et l’équilibre ; M. A. Chiappelli dans la substitution des valeurs. Presque seul, M. Robert Michels apporte une note sceptique en montrant le caractère partiel et contradictoire du progrès, un progrès dans une voie étant presque toujours accompagné d’effets nuisibles dans une autre voie, le progrès pouvant aussi naître d’un mal ou d’un regrès, qu’il s’agisse du domaine physique, politique, économique ou social. Mais pour M. de la Grasserie toutes ces objections disparaissent si l’horizon s’étend, et, pour M. Ludwig Stein, le progrès est indéniable si on le limita au monde des fins et des valeurs qui est l’objet propre de la sociologie.

La Morale Psycho-sociologique, par G.-L. Duprat. 1 vol. in-18 jésus, de 402 p., de l’Encyclopédie scientifique dirigée par le Dr Toulouse, Paris, O. Doin, 1912. — Le titre de cet ouvrage est tout un programme et annonce une méthode. Fidèle à l’esprit positif, désireux de la plus grande objectivité possible, se défiant du dogmatisme métaphysique comme du rationalisme kantien, non satisfait par le calcul utilitaire, l’auteur cherche à définir la méthode de la morale en complétant les tendances de l’école sociologique de M. Durkheim par l’étude des conditions psychologiques et psychopathologiques de la vie morale individuelle. Pour lui la sociologie est inséparable de la psychologie ; la réalité sociale n’est pas une chose indépendante des individus qui la constituent. Sa méthode comprend donc, nous dit-il, les moments suivants : 1° Etude sociologique des mœurs ; 2° Conception rationnelle des obligations morales et sociales ; 3° Conception de l’Idéal moral et social ; 4° Etude des conditions psychologiques et sociologiques de la réalisation de l’Idéal moral. Conformément à ce programme, indiqué dans la première partie de son-ouvrage, il est intéressant de voir l’auteur, après une deuxième partie consacrée à l’étude des « Mœurs, Obligations