Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1908.djvu/21

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(1907) : fascicules II, III et IV. — Le premier fascicule de l’année 1907 ayant été analysé ici même au moment de son apparition, nous nous bornerons à l’examen des numéros II, III et IV.

Die Physiologie der individuellen orqanischen Formbildung, par Driesch (n° II). — De l’article de M. Driesch nous chercherons à dégager seulement les problèmes qui nous paraissent avoir un intérêt philosophique. Chaque œuf parcourt au début de son développement une période de division cellulaire. La première question qui se pose est la suivante : est-ce que cette division est invariablement déterminée, ou bien cette loi de division présente-t-elle un certain caractère d’indétermination ? Cette question peut être présentée sous la forme suivante : quelle est la destinée possible de chaque cellule ? Or, l’expérience prouve que cette question admet des réponses différentes selon les espèces que l’on étudie : chez les mollusques, par exemple, si l’on sépare au deuxième ou au quatrième stade de la division cellulaire les produits de la division, ces produits restent les mêmes que s’ils étaient restés liés ensemble ; un quart de cellule représente donc une fraction d’organisme.









Chez l’oursin et l’étoile de mer, en se plaçant au même stade de l’évolution que dans l’exemrile précédent, chaque cellule résultant de la division représente un organisme complet. Les blastula de l’oursin divisées en mille parties offrent, dans certaines conditions trop complexes pour être développées ici, un organisme complet dans chaque partie. M. Driesch appelle les organismes dont chaque fraction. produit de la division cellulaire, constitue un organisme ayant la même destinée possible que le tout, un système ér/uipolenUel. Trois problèmes se posent maintenant 1° Les systèmes équipotentiels restentils dans leurs développement ultérieurs toujours équipotentiels ? " Enfin comment d’un système équipotentiel peuvent sortir des organismes spécifiquement différents ? tiésumons brièvement les conclusions de l’auteur. 11 constate, tout d’abord, l’importance des facteurs chimiques (expériences de Herbst sur la modification des organismes marins par addition de calcium et de soufre dans l’eau de mer), et des facteurs physiques (état de l’agrégat constituant la substance vitale phénomènes de capillarité, etc.). Puis, il examine les causes (Ursachen) de l’évolution ; et par causes, il entend les facteurs d’ordre physiologique. M. Driesch aboutit à cette conclusion, qu’on est obligé d’avoir recours à la conception de lois téléologiques, les principes mécaniques et physico-chimiques étant impuissants à expliquer complètement les phénomènes du développement organique des individus, et en particulier comment d’un système équipotentiel naissent des êtres spécifiquement différents. On est. selon lui, obligé de réintroduire dans la science l’entéléchie d’Aristote qui exprime précisément qu’il existe des organismes autonomes, et qui permet d’expliquer le développement et la génération des animaux. La théorie de M. Driesch est donc un néo-vitalisme. Et tout d’abord, il faut mettre en relief le sophisme que cette théorie contient dans sa critique du mécanisme physico-chimique. Que les méthodes physico-chimiques n’expliquent pas actuellement tous les phénomènes, c’est un fait qu’il n’y a pas à discuter. Mais les méthodes physico-chimiques, comme les méthodes mathématiques sont indéfiniment perfectibles : elles se généralisent et s’assouplissent (exemple invention du calcul infinitésimal), et il est impossible, scientifiquement parlant, de prévoir ce que ces méthodes pourront ou ne pourront pas expliquer dans l’a venir. Quant à la réintroduction dans la science de Formes », au sens scolastique du mot, elle est certainement stérile, puisqu’elle masque simplement par un mot une lacune. Là où les méthodes physicochimiques sont actuellement impuissantes, il faut le reconnaitre sans détour, et la seule alternative qui nous reste est d’employer la méthode descriptive ou hislorique la science des vivants devenant dans ce cas une histoire naturelle au sens étymologique du mot. De toutes façons, il est toujours inutile d’introduire dans cette histoire des formes scolastiques qui n’ont jamais expliqué quoi que ce soit. Une observation pour terminer l’expression de système équipotentiel employée par l’auteur ne nous parait pas heureuse. Ce termu est consacré en Physique où il signifie de potentiel égal », le mot potentiel ayant ici un sens mathematique parfaitement défini et bien connu. Dans la théorie de XI. Driesch le mot potentiel a le sens vague de •̃ possibilité » ou de "en puissance ». Il y a une véritable équivoque à employer le


" Peut-on trouver une unité entre les principes différents qui règlent l’évolution des mollusques et celle des Echinodermes, pour nous borneraux exemples <’iics plus haut ?