Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1908.djvu/23

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leurs tensions superficielles et par des attractions et des répulsions qu’elles subissent du fait de leurs charges… les phénomènes de la division cellulaire se ramènent presque tous à des déplacements de particules et à des dissolutions et coagulations alternatives… Gallardo a montré (Ann. Museum Buenos-Aires, XIII, 1906) quel parti on pourrait tirer de la notion de la charge des particules chromatiques (leucocytes à gros noyau) pour l’interprétation de la division cellulaire. »

D’après M. Delage la condition essentielle de la division cellulaire est une bipolarité reposant sur les charges de signes contraires du centrosome et de la masse chromatique. L’action des agents de la parthénogenèse consisterait donc à communiquer à l’œuf vierge cette seconde polarité qui lui manque. L’auteur reconnaît en terminant qu’il y a loin de ces indications à une explication complète des phénomènes mais « c’est là une conception fertile et il y a lieu de travailler dans cette direction ».

Nous n’avons pu résumer avec toute l’exactitude qu’elle mérite cette étude compacte de cinquante pages, mais nous en avons suffisamment caractérisé la tendance pour montrer que c’est, comme l’a établi Claude Bernard, en s’appuyant sur les sciences physico-chimiques et en profitant de leurs plus récentes découvertes que les sciences biologiques se développeront toujours ; cette vérité presque banale est de nouveau contestée aujourd’hui dans une certaine école philosophique qui, à son insu peut-être, ressuscite une nouvelle scolastique. Cette école prétend à tort que les sciences biologiques forment parmi les sciences de la nature une classe absolument distincte des autres sciences, ayant des méthodes radicalement différentes des sciences physico-chimiques. Le développement même de la science constitue la meilleure réfutation de cette école.

Le principe d’inertie et les dynamiques non-newtoniennes, par F. Enriquez (n° III). — M. Enriquez met en évidence le lien qui existe entre le principe d’inertie et la notion de l’espace absolu due à Newton. Adoptant la conception des approximations successives de M. Picard, M. Enriquez montre que la mécanique newtonienne basée sur le principe d’inertie ne constitue qu’une certaine approximation, si l’on admet que les corps à distance sont soumis à une force qui n’est pas instantanée. Il faut alors apporter une formule de correction qui exprimera une certaine loi de solidarité du champ d’observation considéré avec le monde extérieur. La dynamique newtonienne n’est vraie que dans certaines limites. Le problème examiné par l’auteur se rattache à la question si débattue de l’existence de l’espace absolu. M. Enriquez défend le point de vue relativiste. Philosophiquement il semble bien que cette thèse soit la bonne, et, bien qu’au point de vue technique elle soulève encore des difficultés d’ordre mathématique et physique, il y a de fortes raisons pour croire que finalement le point de vue relativiste triomphera.

La morte, par P. Enriquez (n° III). — L’auteur, dans cette étude sur la mort, se place au point de vue physiologique et expérimental. Comme Metschnikoff, il constate que la mort n’a pas un caractère de nécessité absolue pour tous les êtres vivants. Les protozoaires jouissent d’une sorte d’immortalité ; certaines plantes vivent plusieurs siècles ; entre les espèces animales la durée de la vie est très inégalement distribuée. M. Enriquez propose, après beaucoup d’autres, une explication de la mort comme un ralentissement des fonctions assimilatrices ; la mort serait un phénomène naturel, moment d’une série d’actes physiologiques. Cette théorie, moins paradoxale que celle de Metschnikoff, se rapproche de la conception vulgaire et semble plus près des faits.

Il momento scientifico presente, par Vito Volterra (n° IV). – Cet article est le compte rendu d’un discours prononcé par M. Volterra à l’inauguration du premier Congrès de la Société italienne pour le progrès des sciences (Parme, septembre 1907). Le célèbre mathématicien constate qu’actuellement l’esprit du peuple vis-à-vis de la science n’est plus ce qu’il était autrefois ; aujourd’hui on attend surtout de la science les progrès matériels et moraux. Si le peuple s’intéresse à la science, les savants de leur côté se mêlent plus qu’autrefois à la vie commune et trouvent des enseignements dans le contact avec les réalités. Ainsi les savants instruisent les praticiens, et les praticiens instruisent les savants. Mais la supériorité de la science pure sur la pratique parait incontestable. L’histoire comparée de la machine à vapeur et des machines électriques est éminemment instructive à ce sujet. La machine à vapeur fut créée par les praticiens Stephenson et Watt ; la théorie des machines à vapeur, la thermodynamique, se développa après l’invention pratique. Mais le contraire a eu lieu pour l’électricité dont les manifestations furent d’abord