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LETTRES INÉDITES DE MAINE DE BIRAN


À ANDRÉ-MARIE AMPÈRE



Rien ne serait plus précieux pour la philosophie que de posséder en entier la correspondance de Maine de Biran et d’André-Marie Ampère. Le double sujet qui s’y trouve traité, réédification sur de nouvelles bases de la Psychologie et institution d’une nouvelle Métaphysique, en fait un monument unique dans l’histoire de la philosophie de notre siècle. Par malheur, le monument est en ruines. Nous possédons, grâce à M. Barthélemy-Saint Hilaire, l’essentiel des lettres d’Ampère, malgré de graves et inexplicables mutilations. De Maine de Biran, aucune lettre n’a été publiée. Celles que nous allons mettre sous les yeux des lecteurs de la Revue de Métaphysique et de Morale, et que nous devons à l’obligeance inépuisable de M. E. Naville, sont les minutes des lettres écrites à Ampère ; elles n’ont point passé par la poste et il en résulte qu’il est difficile d’en donner la date exacte.

Le sujet traité dans ces lettres peut être ramené à trois points essentiels : 1° déterminer le fait primitif et fondamental de la psychologie ; 2° construire en partant de ce fait une classification complète des phénomènes psychologiques ; 3° trouver un passage — un pont — pour aller du psychologique au métaphysique, du subjectif à l’objectif. Sur le premier point, la correspondance nous fait assister à la genèse de la théorie de l’effort musculaire, cérébral, mental. Sur le deuxième elle nous montre les tâtonnements des deux psychologues s’efforçant pendant dix ans au moins de dresser l’inventaire complet de nos richesses psychologiques : c’est le plus difficile à suivre, car Ampère est d’une fécondité désespérante d’analyses et de tableaux.

Diruit, ædificat, mutat quadrata rotundis.

Sur le troisième point, elle nous montre Maine de Biran résistant à