Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/445

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positive. Il en résulte que la théorie évolutionniste doit nécessairement se rencontrer avec elle sur le terrain commun de l’expérience. Il en résulte, ensuite, qu’elle accepte les lois à titre de données. Le fait lui-même est la donnée de la science positive ; la loi en est le produit élaboré, et ce dernier sert, à son tour, de donnée à la théorie de l’évolution.

Les lois physiques expriment la nécessité, partant l’invariabilité des relations entre les phénomènes. Il n’y a pas, proprement, en physique, de loi contingente. S’il arrive à l’expérience de constater, ou à la raison de supposer qu’une loi physique n’est pas partout et toujours identiquement vérifiée, c’est que ce qu’elles avaient pris pour une loi n’était que l’expression d’un rapport contingent soumis lui-même, dans sa manifestation, à une loi nécessaire.

La nécessité appartient à la loi en général, à la loi en tant que loi, mais non pas en tant qu’expression de telle ou telle uniformité particulière. La loi est nécessaire parce qu’on peut la déduire d’une hypothèse, d’un principe sur le fond des choses, et qu’une conséquence est nécessaire une fois le principe admis. Mais l’hypothèse, le principe peut changer et la loi avec lui. L’essentiel, c’est qu’il y ait une hypothèse, un principe à la source de la connaissance ; car sans principe, point de conséquences, partant point de logique, point de système, point de connaissance systématisée, point de science. Les lois de la mécanique céleste et moléculaire, par exemple, les plus générales, auxquelles on s’efforce de ramener toutes les autres lois physiques, ne nous paraissent pas absolument nécessaires ; elles se déduisent, en dernier ressort, des hypothèses sur la constitution des corps, sur les points matériels et les forces centrales, et il n’y a aucune impossibilité logique à concevoir d’autres hypothèses. Mais, lorsque nous le pensons à titre de lois, nous les pensons comme nécessaires, parce que nous ne concevons pas qu’elles puissent coexister avec d’autres qui en seraient la négation dans le cosmos, où, par définition, nous supposons qu’elles sont maîtresses, et que nous sommes toujours obligés de faire une pareille supposition. La loi physique est donc une formule abstraite qui vaut pour tout lieu de l’étendue et pour toute époque de la durée.

Cette universalité et cette pérennité accordées aux lois sont une conséquence directe du principe de la répétition intégrale, qui est lui-même une condition du développement de la science. Nous admettons que les phénomènes que nous observons et sur lesquels nous