physique est le monde des lois, toutes les multiplicités de succession qui le constituent dans le temps étant des multiplicités périodiques, l’histoire du monde, dans son ensemble et dans ses parties ou agrégats, est contenue dans l’histoire d’une de ses périodes, la période étant définie la série des phénomènes dont un agrégat est le siège, en conformité avec toutes les relations qu’ils sont susceptibles de manifester d’après les lois de la mécanique physique. Mais, si tout se répète, si tout redevient le même, il n’y a point de changement définitif ou absolu, il n’y a que des changements relatifs : tout phénomène qui en suit un autre est un changement par rapport à lui, mais n’en est pas un par rapport au phénomène antérieur (à une époque quelconque) dont il est la répétition identique, intégrale. La croyance aux lois physiques, impliquant la croyance à la répétition intégrale, conduit le savant à envisager l’univers sous l’aspect de la permanence et de la stabilité ; il lui suffit, pour cela, de décomposer les multiplicités de succession en périodes identiques. La permanence, affirmée dans l’énoncé du principe de substance, se trouve ainsi confirmée par le principe des lois et élucidée en se dégageant du nuage ontologique. Le principe des lois ou du déterminisme physique équivaut, en effet, à ceci : ce qui est a déjà été et sera ultérieurement. Voici donc une conception du monde qui ne cadre guère avec l’idée d’évolution. L’évolution est, par essence, le développement, le devenir. Depuis, pour ainsi dire, que l’observation existe, les phénomènes de croissance et de transformation des êtres vivants ont attiré l’attention de tous les hommes s’intéressant à la nature, de tous ceux qui, par leurs tendances et leur curiosité, ont mérité le nom de physiciens ; et c’est, vraisemblablement, à l’observation de ces phénomènes et aux analogies que l’on chercha ensuite à établir entre eux et d’autres classes de faits que l’idée d’évolution dut son origine. Aussi, loin d’être en parenté avec les idées de répétition, de périodicité et de rythme, semble-t-elle, au contraire, en être la négation.
Lorsque nous disons qu’une existence évolue, nous entendons qu’elle passe par une série de formes successives, dont chacune après l’avoir contenue, ne peut plus lui convenir et lui est, désormais, inutile et étrangère, et nous ne pensons nullement à un retour, non seulement possible mais certain, aux formes abandonnées, s’effectuant à époques déterminables, régulièrement espacées dans le temps. Évoluer c’est devenir, devenir, c’est-à-dire ne pas être défini-