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E. Chartier.Éléments de la représentation par Hamelin.

causalité, dont le mécanisme, fondé sur cette relation que l’on appelle force, est l’expression la plus claire.

Au point de vue de la causalité, les phénomènes sont présentés comme des résultats ; ils sont ce qu’ils peuvent être et ce qu’ils se trouvent être, « à l’exclusion de toute considération d’ordre et de bonté quelconque[1] »., Résultat et but sont deux opposés, qui, eux aussi, ne peuvent avoir de sens que l’un par l’autre. Ainsi l’on ne peut penser réellement la cause sans penser en même temps la fin. C’est seulement par la Finalité qu’achève de se constituer le déterminisme des phénomènes. Un système de causes peut être conçu et construit sans aucune idée de fin, au moyen d’une abstraction légitime ; mais un système de causes n’est qu’une abstraction ; il ne peut pas être en soi : car il faut une raison qui fasse que tel système de causes existe : les causes n’agissent qu’une fois données ; elles peuvent toutes être également données ; et la raison d’être tirée d’une cause de ces causes est extrinsèque au système, et réclame à son tour une cause. Il faut que ce qui est soit déterminé autrement et par raison intrinsèque, et les vues profondes de Leibniz sont d’accord avec notre dialectique. Toutefois il faut se garder ici d’aller trop vite, et comme dit notre auteur, de monter « d’un degré de trop dans l’échelle dialectique[2] »; car la finalité touche de si près à la conscience que l’on est tenté de ne pas l’en séparer, et d’aller tout de suite aux dernières conditions de l’existence. Mais le jeu même de la dialectique nous met en garde contre ces intuitions précipitées qui confondent les notions : il faut conserver aux abstraits, à tous leurs degrés, le genre d’existence qui leur convient. Or, la finalité se pose comme faisant antithèse au mécanisme. Les idées, elles-mêmes corrélatives, de fin, de moyen et de système, ne sont donc pas moins nécessaires que leurs opposées, cause, effet, action ; la pensée de celles-ci n’est donc pas complète sans la pensée de celles-là. Et c’est en partant de là qu’il faut définir la finalité, non comme une cause, ou comme un résultat à venir agissant à la manière d’une cause, mais comme une détermination d’un genre original, qui est la détermination, dans un concept, des parties par le tout ; à cette condition seulement il y a des essences, c’est-à-dire réellement des possibles ; car le mécanisme, par l’indéterminisme qu’il enferme, n’est même

  1. P. 263.
  2. P. 321.