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E. Chartier.Éléments de la représentation par Hamelin.

peut ainsi dire, enferme en lui le déterminisme en face de la contingence, et soit réellement la synthèse du moi et du non-moi.

Que notre marche dialectique soit maintenant achevée, c’est ce qui apparaît clairement si nous cherchons quelque opposé à l’être concret ; l’opposé c’est maintenant ce qui nest pas du tout : nous passons de la corrélation à la contradiction ; aucune synthèse n’est plus possible entre ce qui contient tout et ce qui nest que la négation de tout. Notre preuve ontologique s’arrête donc ici. Ce qui est par soi, c’est l’Esprit conscient. Nous ne pouvons plus faire, après cela, que des conjectures sur Dieu, la multiplicité des consciences et la communication des consciences[1].

Tel est le squelette de cette œuvre. Si dénudée que suit cette dialectique, lorsqu’on la sépare, et il le fallait bien, des développements riches et pleins qui l’éclairent à chacun de ses moments, le lecteur pressent peut-être que celle méthode de définir est de nature à rendre aux problèmes leur vrai sens et leur vraie place aux spéculations trop dispersées des rationalistes de notre temps. Si le lecteur a une telle idée, qu’il laisse là notre étude et qu’il coure au livre. Mais si, comme on peut le craindre, il pense que cette dialectique est inutilement aride, et aboutit, en somme, comme toute dialectique, là où elle voulait aller, qu’il lise encore ce qui suit.

Il n’est sans doute pas utile de faire voir qu’il y a intérêt à enchaîner les idées fondamentales selon un ordre nécessaire. Tout le monde avouera qu’il faut le faire, si c’est possible ; seulement peu de philosophes croiront que c’est possible ; et presque tous jugeront qu’ils ont fait, une fois pour toutes, son procès à la dialectique. C’est donc la dialectique qu’il faudrait réhabiliter. Beaucoup sont disposés à n’y voir qu’un jeu de paroles, et cette apparence suffit à détourner de Platon beaucoup de jeunes lecteurs, au grand dommage de la philosophie : peu d’hommes ont lu sérieusement le Parménide jusqu’au bout. Il nous arrive pourtant quelquefois de soupçonner dans ce jeu quelque chose qui vaut mieux qu’un jeu ; parfois nous rencontrons de ces articulations solides qui rendent nécessaire une affirmation après une autre, et nous nous sentons mieux pris, à ce qu’il nous

  1. P. 453-468.