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E. CHARTIER.SUR LES PERCEPTIONS DU TOUCHER..

devrait faire pour remplacer les perceptions actuelles par d’autres perceptions considérées comme faisant partie d’une série fixe.

Mais la notion de distance est toujours très vague tant que nous n’avons pas l’idée de direction. Or les séries extérieures n’ont pas par elles-mêmes de direction ; il faut, pour déterminer la direction d’une série, faire appel à des points de repère fixes, à des régions de l’espace déterminées d’avance. Considérons une région de l’espace quelconque ; comme nous ne concevons aucune limite à l’espace, la position de cette région de l’espace par rapport aux autres régions est nécessairement tout à fait indéterminée ; en effet cette région sera près ou loin ou à une distance médiocre d’une infinité de régions ; elle sera d’un côté ou de l’autre d’une infinité de régions ; à vrai dire elle ne sera donc ni ici ni là, mais également loin de tout et près de tout, tant que nous ne rapportons sa position qu’à un espace indéfini.

Il faut donc pour déterminer des directions, ce qui, uni à l’idée de distance, donne l’idée de position, les rapporter à un espace fini et distinct ; or un tel espace existe nécessairement, sans quoi la perception ne serait pas possible : c’est notre corps. C’est donc uniquement d’après la forme et les parties de notre corps que nous pourrons déterminer des directions. Cela suppose une connaissance déjà assez avancée de notre propre corps, et des mouvements dont il est capable.

La première détermination, et la plus claire de toutes, qui parait devoir résulter de la connaissance de la forme et des mouvements de notre corps, c’est la division de l’espace en deux régions, celle qui est en avant, et celle qui est en arrière ; ce sont les deux régions dont nous rapproche et nous éloigne le mouvement naturel de locomotion de notre corps.

Les diverses positions des mains cherchant une perception déterminée pendant la progression du corps peuvent se ranger en deux espèces : les premières résultent d’un mouvement des mains qui les rapproche d’une partie déterminée du corps qui est notre tête ; les autres, des mouvements par lesquels les mains se rapprochent d’une partie très différente de la première, et facilement distinguable de la première par le toucher, à savoir le bas du corps et les pieds. De là la distinction, dans la région en avant, de la région en haut et de la région en bas.

Enfin dans la région en avant en haut, comme dans la région en