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EXPÉDITION DE L’ESPAGNE

de concert avec plusieurs autres Espagnols, un plan régulier de contre-révolution, au nom de « l’Espagne et de la Religion. » Sa levée de boucliers, toutefois, qui se termina par son arrestation et sa mort, n’eut d’autre résultat que de mettre le gouvernement en garde contre les projets des Espagnols, et de placer ceux-ci dans une position équivoque et insoutenable vis-à-vis des nationaux.

Ces derniers avaient déjà assez de haine contre leurs anciens maîtres, sans que cette conspiration vînt encore exciter de nouvelles discordes. On ne peut nier que les créoles portaient quelque envie aux immenses richesses des Espagnols, qui, par la supériorité de leurs connaissances et le genre de vie aristocratique qu’ils avaient menée jusqu’alors, s’étaient attiré l’inimitié des classes inférieures[1]. La presse aussi ne laissait pas échapper une occasion de les dépopulariser. Des articles de journaux, conçus dans les termes les plus virulens, des pamphlets satiriques, et enfin tout ce que peut inventer l’esprit de parti fut mis en œuvre pour attirer la vengeance sur les nouveaux parias politiques.

Bientôt le congrès fédéral se décida à les priver des emplois qu’ils occupaient dans l’armée, dans les douanes et dans l’administration des postes, jusqu’à ce que l’Espagne eût reconnu l’indépendance du Mexique. Ce décret, publié à Mexico le 14 mai 1827, fut accueilli avec des démonstrations extravagantes de joie de la part de la populace. Dans l’attente de voir chaque jour promulguer cette mesure, toutes les affaires avaient été suspendues, et les négocians espagnols, justement alarmés

  1. Depuis l’époque des premiers établissemens jusqu’à 1810, sur 166 vice-rois et 588 capitaines-généraux, gouverneurs et présidens, nommés dans l’Amérique espagnole, il ne s’était trouvé que 18 créoles, qui encore avaient été élevés en Europe. Les juges des audiences étaient Européens. Défense était faite d’établir des manufactures, de cultiver la vigne et l’olivier et plus d’un certain nombre de plants de tabac, de communiquer avec les étrangers sous peine de mort, de faire le commerce avec les provinces voisines, de pêcher la baleine, la morue, etc.