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Page:Revue des Deux Mondes - 1829 - tome 2.djvu/37

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MANIFESTE CONTRE BOLIVAR.

dont il empêcha ensuite la réunion, dans la crainte qu’il ne s’opposât à ses projets. Il menaça la capitale de retirer ses troupes, et de la punir de la manière la plus sanguinaire et la plus atroce. Ses agens, en même temps, persuadèrent aux habitans qu’il vaudrait mieux se soumettre que d’éprouver l’horrible vengeance qu’il tirerait de la soi-disant injure qu’on lui avait faite, en ne lui accordant qu’un pouvoir limité, au lieu du pouvoir absolu qu’il exerçait. Le conseil du gouvernement n’étant qu’un fonctionnaire subalterne et obligé d’agir suivant la direction que le dictateur jugeait à propos de lui donner, écrivit à toutes les corporations, pour qu’on sollicitât le plus respectueusement possible le général Bolivar de rester au Pérou, bien que rien n’en dénotât la nécessité, et qu’au contraire on eût tout à craindre de son ambition mal dissimulée.

En suspendant le congrès Bolivar écarta le seul obstacle puissant qui entravait son ambitieuse carrière, et rien ne put alors l’empêcher de mettre à exécution sa politique malfaisante et ses plans antérieurs. Il donna la constitution bolivienne, foulant aux pieds toutes les formes légales, dépréciant la souveraineté du peuple, privant la nation de la faculté de se donner des lois, prérogative essentielle dans laquelle consiste son indépendance ; Bolivar s’établit monarque du Pérou. On lui confia donc à vie les affaires de la république, grâce aux suffrages d’hommes dénués de tout pouvoir et de toute autorité.

Il a été nécessaire de donner cette rapide esquisse des actes politiques du général Bolivar, afin que toutes les nations pussent être convaincues de l’accusation calomnieuse portée centre le peuple péruvien et de l’injuste guerre que la Colombie vient de lui déclarer. Cependant il a conservé et conserve encore pour elle la plus sincère amitié cimentée par l’uniformité des intérêts et fortifiée par les services réciproques que les deux états se sont généreusement rendus pour obtenir leur indépendance. C’est sur de vains et ridicules