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ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

Paris, nous avons évalué beaucoup trop bas, dans notre Compendio, la population du Turkestan indépendant. Les voyages de Mouraviev, de Nazarov, de Jakovlev, de Mayendorf, de Frazer, et de Moorcroft, ont répandu dernièrement beaucoup de lumières sur cette région ; ils nous ont fait connaître l’existence de plusieurs villes populeuses ; ils nous ont décrit des campagnes riantes et bien cultivées ; ils nous ont apporté plusieurs listes de tribus nombreuses, de pasteurs nomades ; ces voyageurs nous ont même fait connaître des cantons peuplés et florissans, là où nos cartographes se plaisaient à tracer des déserts stériles, ou de vastes solitudes. D’après les renseignemens les plus récens, et l’étendue plus grande que l’état politique actuel du Turkestan nous ont engagé à lui assigner, nous croyons qu’on ne saurait lui accorder moins de 6 millions d’habitans.

Malgré le grand nombre de descriptions et de voyages publiés sur les contrées qui s’étendent depuis l’Euphrate jusqu’à l’Indus, il faut avouer qu’on ne sait absolument rien de positif sur leur population. Les évaluations des indigènes, des voyageurs et des géographes sont tellement différentes entre elles, que tout calcul moyen devient absolument illusoire. En effet, comment prendre la moyenne entre les 200 et les 60 millions d’habitans auxquels la portent les indigènes, et entre les 20 et les 3 millions auxquels Gardanne et Olivier, réduisent la population de toute la moitié occidentale de cette contrée ? Il serait absurde de donner maintenant à