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VOYAGE AU JAPON.

tent leurs prières sur un ton qui ressemble beaucoup à celui de nos églises, et, d’après ce qu’on m’apprit, leur office, comme le nôtre, se divise en prime, tierce, vêpres et matines. Je me fis scrupule d’entendre des prières si contraires à notre sainte foi. Celui qui me conduisait par ordre du vice-roi entra dans le chœur, et sans doute il dut annoncer le but de ma visite, car quatre chapelains vinrent pour me recevoir. Leur habit me parut presqu’en tout pareil à celui des prébendés de Tolède avec le surplis ; seulement la queue de leur robe était démesurément longue, et leurs bonnets étaient beaucoup plus larges par le haut que par le bas. Ils me parlèrent avec beaucoup d’amitié, et ils me conduisirent à l’autel de leurs infâmes reliques où brûlaient une quantité infinie de lampes. Notre-Dame de Guadalupe, malgré toutes celles qui y sont entretenues par la foule des pèlerins qui s’y rendent de toutes parts, n’en a certainement pas le quart autant. Si je fus surpris de ce spectacle, je le fus bien davantage du silence, du recueillement et de la dévotion de toutes les personnes qui étaient rassemblées dans ce temple. On leva cinq ou six rideaux qui cachaient autant de grilles de fer, d’argent, et jusqu’à la dernière qu’on me dit être d’or massif, derrière laquelle j’aperçus une caisse où étaient renfermées les cendres de Taïcosama. Le grand-prêtre seul pouvait entrer dans la dernière enceinte où était cette caisse. Tous les Japonais qui m’accompagnaient se prosternèrent avant même qu’on n’eût levé le rideau, et de même que