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HISTOIRE.

milieu des montagnes, escorté par sept cents cavaliers. À peine engagée dans les défilés, la petite troupe rencontra, à la tête de quatre mille hommes, le prince dont l’amour avait été dédaigné ; mais loin de profiter de l’avantage du nombre, il commença avec ses ennemis une série de combats singuliers, suivant toutes les formes de l’ancienne chevalerie, jusqu’à ce qu’enfin il en vînt à son rival, auquel il donna la mort après une lutte où ils montrèrent l’un et l’autre autant de loyauté que de bravoure. À cet aspect, la princesse eut le courage inoui de trancher elle-même d’un coup de cimeterre son bras gauche qu’elle envoya à son beau-père comme un gage de son intrépidité. Elle ordonna en même temps qu’on lui coupât le bras droit, et qu’on le remît à sa famille avec les bracelets qui l’ornaient. Le bûcher fut élevé sur le lieu même où le combat s’était passé, et la jeune femme voulut y périr au milieu des flammes, serrant contre son cœur avec les restes mutilés et sanglans de ses bras, le corps de son époux.

Voici une autre anecdote qui prouve que la force physique égale souvent le courage chez les femmes de ces contrées. Une paysanne, qui portait à dîner à son mari occupé au travail des champs près de Puchpuhar, vit un ours énorme venir droit à elle. Elle se réfugia derrière un gros arbre où son ennemi la poursuivit. Elle y mit un terme en s’arrêtant, et saisit les pattes de l’ours au moment où il embrassait le tronc de l’arbre. En vain essaya-t-il à droite et à gauche d’atteindre avec les dents les