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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/350

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HISTOIRE.

vé, les frais des fêtes qu’ils sont obligés de donner entraînent la ruine de leur famille. Aussi la naissance d’une fille est-elle regardée comme une calamité.

La loi prescrit à la femme de se brûler sur le tombeau de son mari. Le nom de veuve est pour les femmes de ces contrées l’épithète la plus outrageante dont on puisse les flétrir. Cette coutume barbare remonte aux siècles les plus reculés ; et sans doute les premiers législateurs qui l’instituèrent ne le firent point sans de puissans motifs. Les femmes du Rajasthan, comme on l’a vu, sont douées d’un caractère plus indomptable encore que celui des hommes. Mais appartenant au sexe le plus faible, ce n’est point à force ouverte qu’elles peuvent assouvir leur haine ou leur vengeance, et il est à présumer que plus d’une fois, à des époques reculées, le poison servit secrètement dans les ménages l’une ou l’autre de ces deux passions. Il était donc d’une politique habile de faire dépendre l’existence de la femme de celle de son mari. Il est à remarquer cependant que cet usage terrible et si généralement adopté n’est pas exactement précisé dans les institutes de Menou, lois authentiquement reconnues. « Une femme vertueuse, dit-il, obtient le ciel en se dévouant, après la mort de son époux, à une religieuse austérité ; mais une veuve qui se remarie attire sur elle des malheurs ici-bas et sera exclue de la compagnie de son mari. » L’empereur Djïhânguir défendit que, dans aucune circonstance, il fût permis à une mère de famille de se brûler,