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HISTOIRE.

riz est un produit du sol. Louis xiv, pour mettre un terme aux fièvres qui désolaient la Basse-Provence, où la culture du riz avait été introduite, se vit forcé d’interdire, sous des peines sévères, la semence d’un grain si dangereux à recueillir.

Est-on curieux de savoir comment l’indolence malgache sème le riz ? Elle fait choix d’un terrain d’alluvion et fangeux, situé d’ordinaire près d’un cours d’eau. Le riz est jeté sur un sol presque liquide ; puis les femmes, les enfans, les amis, les voisins, se rangent en cercle autour de la terre ou plutôt du bourbier ensemencé, où ils ont introduit leurs troupeaux de bœufs ; on s’agite avec bruit, on excite par des cris et des coups ces animaux dressés à fouler la terre pour enfouir le grain, comme en Espagne, en Languedoc, en Provence, on dresse les bêtes de somme à fouler le blé. Imaginez maintenant quels foyers de destruction et de mort doivent siéger dans ces terrains aqueux, d’où les végétaux et mille reptiles divers en fermentation perpétuelle exhalent dans l’air les vapeurs les plus funestes.

Je crois donc qu’il est d’une importance souveraine, si notre gouvernement a résolu de coloniser en grand ce beau pays : 1o de resserrer la culture du riz dans un seul district ; 2o de borner les semences aux besoins de la consommation intérieure ; 3o d’entreprendre un système général de desséchement ; 4o d’ouvrir une issue jusqu’à la mer aux rivières que l’élévation de la côte maritime oblige à se convertir en lacs : 5o enfin d’encaisser les cours d’eau