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HISTOIRE.

sie à Constantinople la protection de cette cour, et l’autorisation d’en porter le pavillon. Cette protection était lucrative pour l’ambassade ; elle l’était bien plus encore pour les Grecs, qui, tour à tour sujets russes ou sujets ottomans, suivant leurs intérêts, profitaient des avantages des uns et des autres. Partout protégés, payant partout les droits les moins forts, grâce à l’éternelle insouciance des Turcs, ils se trouvaient dans la position la plus avantageuse. Le commerce des grains de la mer Noire prit bientôt un développement immense. Les Grecs approvisionnaient Constantinople, tout le Levant, l’Italie, la mer Adriatique, et la plus grande partie de l’Espagne, qui a toujours tiré ses subsistances de l’étranger.

Avec tant de causes réunies, il n’est pas étonnant que leur prospérité se soit accrue dans une progression extrêmement rapide. Mais la base sur laquelle elle reposait était la continuation de l’ordre de choses auquel elle devait son origine. Les classes éclairées à Hydra et Spetzia le sentaient si bien, que l’insurrection ne s’est faite que malgré elles. Leur avis était d’attendre, avant de se décider, la tournure qu’elle prendrait dans le reste de la Grèce. Mais la populace les a entraînées. Alors, une fois le parti pris, il a fallu qu’elles le soutinssent pour leur propre conservation, et les plus riches ont dû consentir aux plus grands sacrifices dans l’intérêt commun. Cependant il en est beaucoup qui ont fait passer une partie de leur fortune à l’étranger.