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VOYAGES.

querelles qui pourraient survenir entre des chrétiens et des idolâtres, tandis que si les Sousous étaient mahométans, le fanatisme ferait pencher la balance en leur faveur.

En parlant plus haut de la Cazamanse, de Bissao, de Boulam, et de Cagnabac, j’ai déduit les raisons qui me faisaient penser que ces lieux n’étaient pas propres à établir des comptoirs. Mon opinion serait toute différente si l’on voulait y établir des colonies : le terrain est fertile, et une colonie exigerait un déploiement de forces, inutile pour un comptoir. Avant qu’une colonie soit en état de se défendre par elle-même, elle exige des sacrifices d’hommes et d’argent ; et dans ce cas le plus ou le moins de turbulence des nègres du voisinage influe bien peu sur ses succès ; un comptoir, au contraire, doit se suffire à lui-même dès son début ; les frais doivent se borner à une enceinte d’une dizaine de pieds de hauteur, visitée de temps à autre par un bâtiment de guerre, seulement pour prouver que des secours peuvent arriver au besoin. Si par la suite ce comptoir réussit, ceux qui l’habitent sauront bien d’eux-mêmes multiplier les moyens de défense qui leur paraîtraient indispensables.

On arrive au Rio-Pongo par deux passes, Sand-Barr et Mud-Barr ; cette dernière est sûre. Lorsqu’on y est entré, on navigue quelques lieues dans des marigots, et l’on vient tomber à Charlestown-Barr, vis-à-vis Sand-Barr. Charlestown-Barr est un banc de sable que l’on passe à marée haute ; un navire calant dix pieds ne court aucun danger ;