Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
HISTOIRE MODERNE.

femme s’en échappa, et vint annoncer aux Grecs le point où en était la garnison. C’est alors seulement qu’ils se hasardent à tenter une escalade de nuit. Les neuf malheureux, qui pouvaient à peine se mouvoir, sont égorgés sans se défendre, et l’intrépidité des Grecs ne tarde pas à être célébrée dans tous les journaux de l’Europe. Je tiens le fait que je raconte ici des Grecs eux-mêmes.

Parlerai-je encore de la célèbre bataille des Moulins, où une poignée de Grecs a arrêté toute l’armée d’Ibrahim ? Les assaillans étaient un bataillon égyptien envoyé en reconnaissance. Les Grecs prirent position derrière les nombreuses coupures que présente la position resserrée des Moulins, pendant que leurs chaloupes canonnières les protégeaient de leur feu. Quelques coups de fusils furent échangés de part et d’autre, et en si petit nombre, que le seul blessé du côté des Grecs eut la main percée d’une balle ; un des tirailleurs égyptiens fut tué, et leur bataillon ne continua pas plus loin sa reconnaissance. C’est le tort qu’il eut, car s’il avait poussé la moindre pointe, il est hors de doute que les Grecs eussent été culbutés. Dans la soirée, ils se retirèrent à Napoli par la mer, et ne manquèrent pas de faire les plus beaux récits de leur résistance héroïque. Comment l’Europe n’y aurait-elle pas été trompée ? L’agent qu’un des principaux comités philhelléniques entretenait à Napoli en rédigea un rapport magnifique, qu’il montra à un officier français qui avait aussi été témoin de l’affaire. Ce dernier crut d’abord que c’était une mystification,