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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

au pouvoir, en occupant toutes les avenues, exerçant partout l’influence ; il fallait par force qu’il continuât à s’en servir, et cependant c’étaient ceux-là mêmes qui pesaient sur le pays, et étaient les auteurs de tous ses maux ; ils étaient incompatibles avec sa prospérité, et ce n’était que par eux qu’il était possible de la fonder. Leur caractère turbulent, leur esprit d’intrigue, leurs habitudes de vol et de désordre ne pouvaient s’accommoder avec un gouvernement stable et régulier. Lorsque ce gouvernement avait été établi, le péril était si imminent, le cri de la nation était si unanime, qu’ils avaient été comprimés par l’élan général ; mais le premier mouvement d’enthousiasme était à peine passé, qu’ils recommençaient déjà leurs intrigues, et en voulaient au pouvoir nouveau qui leur interdisait les rapines et la guerre civile. Le premier acte du président avait été de leur retirer le maniement des deniers de l’état, et de se le réserver pour lui seul ; mais, quoi qu’il fît, il ne pouvait se dispenser d’avoir des agens, et c’était dans la caste même que son devoir était de combattre qu’il était forcé de les prendre. Il ne voyait autour de lui que des partis, et nulle part la nation ; c’était le parti des insulaires, des Moréotes, des Rouméliotes, des Fanariotes ; c’étaient Condurioti, Colocotroni, Zaïmi, Coletti, Maurocordato, etc. Adopterait-il un d’entre eux ? c’était gouverner le tout par la partie, et rallumer la guerre civile. Les écarterait-il tous également pour ne s’appuyer que sur la nation ? ils allaient tous se réunir contre lui,