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VOYAGES.

dredi 5 courant, à trois heures après midi, afin qu’ils soient instruits de ce que nous avons à leur communiquer, déclarant qu’aucune excuse ou prétexte ne seront reçus, et que les absens seront punis par la confiscation de leurs propriétés. »

Deux septembre 1755, vingt-neuvième année du règne de Sa Majesté.

John Winslow.

Par cette ruse, toute la population de la province fut surprise simultanément. On peut se faire une idée des scènes d’horreur qui eurent lieu pendant cette funeste journée dans les divers établissemens de l’Acadie, par le récit suivant de ce qui se passa à Grand-Pré, dans le King’s County. À trois heures de l’après-midi, selon l’ordre qui leur avait été donné, les paisibles et confians Acadiens des environs, au nombre de douze cent neuf hommes, tous en état de porter les armes, mais qui n’en avaient point alors, se rendirent à l’église de Grand-Pré. Les soldats anglais entourèrent l’église, et s’emparèrent de toutes les issues. Le colonel Winslow se plaça avec ses officiers au centre, et parla ainsi :

« Messieurs, je tiens en main les ordres du roi qui me sont envoyés par le gouverneur Lawrence. Il m’ordonne de manifester la résolution de Sa Majesté à l’égard des habitans français de sa province de Nouvelle-Écosse, où depuis plus d’un demi-siècle il leur a été accordé plus d’indulgence qu’à aucun autre de ses sujets, en quelque partie que ce soit de ses colonies. Quoiqu’il me soit pénible de vous faire part d’une décision sévère, je vais mettre de côté mes propres sentimens, et obéir aux ordres que j’ai reçus. Je vais donc