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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

dans ces gigantesques hiéroglyphes, ce terrible arrêt qu’une main mystérieuse fit apparaître en face d’un despote : « Dieu a compté les jours de votre règne, et en a marqué l’accomplissement. — Vous avez été pesé dans la balance, et vous avez été trouvé léger. »

Aussi ce spectacle avait-il fait sur les Égyptiens une impression profonde ; la grande pensée de la mort s’élevait dans leur intelligence comme les Pyramides dans la vallée du Nil.

Passagère chez les autres hommes, cette pensée était pour eux le centre et le but de leurs autres pensées ; ils appelaient leurs maisons des hôtelleries, et leurs tombeaux des maisons ; ils employaient leur vie entière à acquérir un tombeau ; les morts avaient place à leurs festins ; les morts étaient les témoins et les garans de leurs plus saints engagemens. Enfin leur vie même, où ne pouvait se manifester aucun acte de volonté, n’était qu’un long brisement de l’individualité, qu’une sorte de mort prolongée.

Toutefois le spectacle de l’Égypte extérieure, tout éclatant qu’il était, n’était pour ainsi dire qu’un voile, qu’un rideau, cachant un autre spectacle plus sublime, les saintes initiations.

Dans ces mystérieuses cérémonies, les prêtres admettaient à connaître les traditions, les doctrines dont ils étaient dépositaires, ceux qui s’en étaient montrés dignes en subissant certaines épreuves.

Parmi ces traditions, les plus importantes devaient être les doctrines de la solidarité, de la déchéance et de la réhabilitation.

Puis, si nous en croyons M. Ballanche, qui s’est fait leur interprète parmi nous, les prêtres enseignaient aussi que l’humanité accomplit ses destinées en par-