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ACADÉMIE DES SCIENCES.

oiseaux-mouches. Mais si, dans cette classe, nous envisageons séparément chaque ordre, chaque genre, chaque tribu, nous voyons les variations de taille devenir de moins en moins considérables à mesure que nous considérons un groupe d’ordre moins élevé. Lorsque enfin nous arrivons à la comparaison directe des espèces congénères, nous trouvons qu’aux différences importantes dans la taille coïncident toujours des différences dans l’organisation, et qu’au contraire, lorsque deux ou plusieurs espèces sont liées par des rapports très intimes, leur taille est à très peu près la même.

Pour tout ce qui concerne les variations de taille dépendante du genre de vie des mammifères, et des circonstances dans lesquelles la nature les a placés, l’auteur se livre à des recherches où nous regrettons de ne pouvoir le suivre, mais qui se trouvent résumées par lui-même dans les propositions suivantes.

La taille varie :

1o Suivant la patrie et le lieu d’habitation. Toutes les espèces qui habitent au sein des eaux, ou qui y passent une partie de leur vie, atteignent une taille supérieure à celle des autres animaux du même genre.

2o D’après le genre de nourriture. Les mammifères terrestres peuvent être rapportés à quatre groupes d’après leur genre de nourriture : les herbivores, les frugivores, les carnassiers et les insectivores. Les premiers sont les plus grands de tous, les carnivores viennent ensuite, puis les frugivores. Les plus petits de tous sont les insectivores.

3o D’après la disposition des lieux habités. La taille des mammifères est partout proportionnée à l’étendue des lieux qui doivent les recevoir ; les grandes espèces sont réservées pour les mers, les continens et les grandes îles, les petites pour les rivières et les îles de peu d’étendue. Buffon avait déjà fait remarquer que les animaux américains sont d’une moindre taille que ceux qui leur correspondent dans l’ancien continent, et il y voyait un résultat de la moindre chaleur et de la plus grande humidité du continent. M. Geoffroy n’y voit qu’un cas particulier de la loi générale qui proportionne à l’étendue des différens pays la taille des animaux qui l’habitent. En effet, dit-il, chacune des deux régions qu’on réunit sous le nom d’Amérique, équivaut environ à la moitié de l’Afrique et de l’Asie, et ne porte que des espèces inférieures de dimension aux espèces asiatiques et africaines. Au contraire, la Nouvelle-Hollande, deux fois plus petite que l’Amérique du Sud, et comme celle-ci très isolée des autres grandes terres du globe, ne renferme que des espèces d’une taille généralement fort inférieure à celle des espèces américaines. Pour un même pays, les mammifères qui habitent les montagnes sont communément, sous le rapport de la taille, au-dessous de ceux qui habitent les plaines.

Chez les animaux que l’homme a soumis depuis très long-temps, on trouve, pour une même espèce, différentes races qui présentent souvent de grandes différences sous le rapport de la taille, comme on l’observe dans l’espèce du chien, depuis le dogue de forte race jusqu’au plus petit bichon ; mais dans chacune de ces races les variations individuelles sont resserrées dans des limites beaucoup plus étroites. Pour l’homme, c’est précisément le contraire dans l’es-