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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/174

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REVUE DES DEUX MONDES.

est encore entièrement inconnue à nos basses classes. Je crois que je t’ai déjà écrit une fois de Birmingham, que lorsque je m’y trouvai, les feuilles de l’opposition de Londres parlaient d’une famine et d’une misère parmi les ouvriers des fabriques, qui les mènerait à la révolte. Dans la réalité, cette misère consistait en ce que ces gens, au lieu de trois ou quatre repas composés de thé, de viande froide, de tartines de pain et de beurre, de beefstak et de rôti, étaient peut-être obligés de se contenter pour un temps de deux repas composés de viande et de pommes de terre[1]. En ce moment c’était l’époque de la moisson, et le manque d’ouvriers se faisait tellement sentir, qu’on donnait à-peu-près le prix qu’ils voulaient. Cependant on m’assura que les ouvriers des fabriques détruiraient toutes les machines, et se résoudraient à mourir de faim avant que de se décider à prendre une faux en main, ou à lier des gerbes : le commun du peuple, en Angleterre, est partout aussi gâté et aussi opiniâtre. D’après ce que je viens de dire, on peut savoir que penser des fréquens articles de ce genre, qui se trouvent dans les journaux.


Le 13.

Ce matin j’ai visité une partie des promenades publiques que je trouvai au-dessous de mon attente. Je bus de l’eau d’une source qui a de la ressemblance avec celle de Carlsbad, mais qui m’échauffa beaucoup. Les médecins disent qu’ici comme chez nous, il faut boire l’eau de bonne heure, sinon qu’elle perd une grande partie de sa vertu. Ce qu’il y a de plaisant, c’est que leur bonne heure commence juste au moment où elle finit chez nous, c’est-à-dire, à dix heures. Le temps n’est malheureusement pas favorable ; il est froid, orageux après de grandes chaleurs pendant un temps assez long pour l’Angleterre. Mais en voyage, on n’est pas trop mal, et je me sens beaucoup mieux disposé qu’à Londres. Je me réjouis aussi vivement de voir ce beau pays de Galles, au-devant duquel je voyage. Sois donc, au moins par la pensée, auprès de moi, et que nos

  1. Style et pensées de prince allemand dont le lecteur fera justice.

    (Note du Traducteur.)