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cour et à ce monde un peu mêlés de l’empire. En somme ce dernier ouvrage de madame S. Gay nous semble l’un de ses meilleurs. Ce n’est pas dire assurément que nous en faisons peu d’état.

Mais voici un livre important et qui mérite considération, puisqu’il se présente à nous sous le nom de M. Fenimore Cooper. Nous voudrions pouvoir donner ici l’analyse détaillée de the Heidenmauer[1], mais les étroites dimensions de cette chronique ne nous le permettent point. L’action de ce nouveau roman de l’auteur du Pilote est d’ailleurs, sinon très attachante, au moins fort compliquée. M. Cooper a puisé son sujet dans une légende qu’il a recueillie sur les bords du Rhin. Il a voulu nous peindre aussi des mœurs du seizième siècle et nous montrer comment il entend notre vieille Europe. Sans doute il en a cru faire un portrait fidèle. Nous craignons bien pourtant qu’il ne se soit trompé, et cette fois peut-être plus gravement encore que dans le Bravo. Les moines de l’abbaye de Limburg, les bourgeois de Deurckheim et le comte de Lienengen-hartenburg, avaient-ils donc déjà, de leur temps, toutes les idées américaines que leur prête l’écrivain trans-atlantique ? Vraiment nous en doutons. Ah ! M. Cooper, vous faites bien mieux parler vos marins et vos sauvages. Pourquoi donc les abandonnez-vous ? Est-ce qu’ils n’ont plus rien à nous dire ? Prenez-y garde. Si vous courez long-temps encore ainsi par nos vieux chemins de l’Europe, nous nous lasserons de vous suivre et nous vous laisserons aller seul. Voyez-vous, votre dernière excursion sur les bords du Rhin n’est pas amusante. Sauf quelques vues de pays bien dessinées, que trouvons-nous dans votre Heidenmauer ? Des ressouvenirs et des imitations de Walter Scott comme nous en avons déjà tant, et puis le seizième siècle affublé de l’esprit du dix-neuvième. Voilà tout.

Recommandons à nos lecteurs l’ouvrage d’un autre Américain, Life and writings of governor Morris, par Jared Sparks. Ce n’est guère qu’une compilation, mais elle est au moins bien faite et contient une foule de documens précieux sur les révo-

  1. Chez Baudry ; la traduction se trouve chez Gosselin.