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nir souvent avec Fulbert, évêque de cette ville, des miracles que faisait journellement sainte Foi au monastère de Conques, dont elle était la patrone. Ces miracles faisaient alors grand bruit, et passaient tellement la mesure des autres miracles qui se faisaient çà et là dans le pays, que Bernard lui-même hésitait à y croire. Toutefois, la renommée de ces miracles se maintenant, Bernard était de plus en plus tourmenté de ses doutes. Il résolut de les éclaircir, et de se rendre sur les lieux pour s’assurer par lui-même de ce qu’il pouvait y avoir d’exagéré ou de faux dans les récits qui l’avaient frappé ; et non satisfait de cette résolution, il s’engagea, par un vœu solennel, à faire le pélerinage de Conques, dans les âpres montagnes du Rouergue. Ce monastère est le même que celui sur la fondation duquel je viens de vous donner une légende poétique, à laquelle, comme vous allez voir, correspond assez bien ce qui suit.

Après avoir écarté divers obstacles qui s’opposèrent d’abord à l’accomplissement de son vœu, Bernard partit, à sa grande satisfaction, et arriva sain et sauf à Conques. Une fois là, il commença à s’enquérir des miracles de sainte Foi ; il en sut bientôt une infinité de plus ou moins surprenans, qui lui furent sans doute bien attestés, car il ne montre plus la moindre difficulté à les croire.

Il écrivit, sur les lieux mêmes, le récit de vingt-deux de ces miracles, récit qu’il dédie à Fulbert, évêque de Chartres, on ne sait précisément à quelle époque, mais avant 1026, année de la mort de cet évêque.

Ces vingt-deux miracles forment autant d’histoires détachées, la plupart insignifiantes et triviales, et telles que Bernard pouvait effectivement en avoir entendu beaucoup à Conques et partout. Il donne toutes ces histoires, comme lui ayant été contées par les personnes mêmes auxquelles elles étaient arrivées, ou par des témoins sinon oculaires, du moins contemporains, et ayant été à portée de se convaincre de la vérité des faits racontés. — Enfin, à l’exception d’une qu’il affirme avoir écrite sous la dictée du héros, et sans en retrancher la moindre chose, il déclare les avoir toutes fort abrégées.

Cette histoire, la seule qu’il donne en entier, est la première