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La divine Concorde, et puis une lointaine
Qui lève dans les cieux sa taille souveraine,
C’est l’empereur Phocas luisant de pourpre et d’or ;
Puis trois autres plus près, c’est Jupiter Stator.
Mais toutes, les fronts nus et les pieds dans les terres,
Pauvres enfans perdus, romaines solitaires,
Elles sont toutes là, dans ces champs désolés,
Comme après le carnage et sur des murs croulés.
Des filles de vaincus qui pleurent sur leurs pères,
Toutes, dans le silence et sans larmes amères,
Elles vont protestant de leurs fragmens pieux
Contre la barbarie et tous les nouveaux dieux.
Pleure, pleure et gémis, beau temple de Faustine !
Tes colonnes de marbre et ta frise latine,
Et ton fronton meurtri, fléchissent sous le poids
Du plus lourd des enfans qu’ait engendré la croix :
Pleure, pleure et gémis, car l’indigne coupole
Toujours blesse tes flancs et ta divine épaule ;
Sur toi pèse toujours le dôme monacal,
Comme un barbare assis sur un noble cheval.
Et toi, divin Titus, roi des belles journées,
Qu’a-t-on fait de ton arc aux pierres inclinées ?
De cette large voûte, où de nobles tableaux
Montraient l’arche captive avec les saints flambeaux,
Et le peuple des Juifs, vaincu, les deux mains jointes,
Pleurant devant ton char ses murailles éteintes ?
Où sont tes écussons par la foudre sculptés ?
Tes cavaliers romains par le temps démontés ?
Grand Titus, tu n’as plus que la rouille sublime
Dont les siècles toujours décorent leur victime,