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pas ; mais concourez, vous, qui avez le don de rassembler les lieux communs, les maximes vulgaires, sans en prendre dégoût ; vous qui parlez de tout au titre d’une insuffisance universelle, qui n’avez pas l’enthousiasme du vrai, esprits prudens et neutres, qui ne poussez jamais aux réformes soudaines, dont le style est sage, ordinaire ; vous tous, talens estimables qui gardez toujours une juste mesure, concourez, c’est pour vous qu’est proposé un prix extraordinaire de la victoire.

J’arrive au livre couronné qui, suivant le programme, est destiné à être étudié avec fruit par tous les peuples. Il faut plaindre les peuples, s’ils n’ont pas d’autre nourriture.

C’est une fatigante déception, que le jugement d’un livre où les questions, loin d’être mises en relief, sont effacées ; où les idées, loin d’être produites dans leur ordre, leur génération et leur portée, disparaissent dans une pâle confusion : tel est le sentiment que nous a fait éprouver le livre de M. Matter, dont il faut donner au lecteur une analyse rapide.

L’influence des mœurs sur les lois dérive de la nature des unes et des autres : partout les mœurs ont imprimé aux lois leur nature, leur caractère et leur physionomie ; elles influencent leur origine, leur nature et leur esprit ; elles agissent sur les institutions politiques et les formes de gouvernement qui régissent les peuples : ainsi il ne faudra pas d’institutions belliqueuses chez un peuple qui aura les goûts, les habitudes de l’industrie et du commerce. Après l’influence des mœurs sur les lois générales d’une société, l’auteur passe à l’influence sur les lois civiles ou les lois ordinaires : il se demande si cette influence incontestable est un bien ou un mal ; il découvre que les bonnes mœurs inspirent les bonnes lois, qu’elles ont la puissance de conserver ces dernières et de les maintenir en vigueur ; que là où il n’y aurait point de bonnes mœurs, les lois seraient impuissantes et nulles ; que les bonnes mœurs amènent l’amélioration progressive des lois, que par cela seul qu’elles sont bonnes, elles portent en elles-mêmes un élément de progression qui tend sans cesse à se développer ; que le développement des mœurs et celui des lois sont si naturellement parallèles, que toute révolution, toute amélioration sensible dans les premières amène une révolution, une amélioration analogue dans les secondes. Telle est