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PHILOSOPHIE DE SCHELLING.

DES COMBINAISONS CHIMIQUES.

L’équilibre des forces constitutives de la matière s’exprime extérieurement par la permanence de la matière dans le même état.

Mais il s’en faut de beaucoup que cette permanence d’état soit perpétuelle dans la matière. Plusieurs causes concourent, au contraire, à faire passer la matière par diverses sortes de modifications. Entre ces causes, les plus remarquables, sont les affinités chimiques.

Deux matières douées d’affinités chimiques à l’égard l’une de l’autre se trouvent-elles en contact ?

De nouvelles propriétés se développent aussitôt chez toutes deux.

Ces propriétés n’existaient pas dans l’instant qui a précédé le contact des deux matières. Elles n’existeront pas dans celui qui suivra.

Ces propriétés nouvelles ne sont réellement qu’autant de manifestations extérieures, d’efforts cachés, de vacillations invisibles, au moyen desquelles les forces opposées cherchent à se mettre en équilibre sous d’autres conditions que celles où elles l’étaient précédemment. Et, en effet, un moment arrive où cet équilibre nouveau est trouvé, où le conflit que nous venons de décrire a cessé pour faire place au repos.

Toutefois, il a suffi du peu d’instans qu’a duré ce conflit pour que les forces opposées, dans les efforts qu’elles ont faits pour se combattre, aient franchi les limites au dedans desquelles elles étaient primitivement enfermées. Elles se sont emprisonnées dans de nouvelles limites en même temps qu’elles se trouvent combinées sous de nouvelles conditions d’équilibre. En d’autres termes, des deux matières mises en contact, il s’est formé une matière nouvelle, et cette matière est revêtue de formes, douée de propriétés différentes, des formes et des propriétés des deux matières dont elle a été formée.

Il se passe donc dans le lieu d’une combinaison chimique, dans cette sphère d’un infiniment petit rayon, précisément ce qui se