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PHILOSOPHIE DE SCHELLING.

Les phénomènes produits par le calorique et la lumière lui semblent le résultat d’une action et d’une réaction entre des principes contraires, tout aussi bien que ceux de l’électrisation et de la magnétisation des corps.

À ce point de vue, l’échauffement d’un corps est le produit d’un conflit qui se passe entre une certaine quantité de calorique engagée dans la constitution de ce corps, et le calorique extérieur qui fait effort pour pénétrer dans ce corps.

Un conflit analogue produit la transparence des corps, la clarté dont ils brillent à leur exposition à la lumière, les couleurs variées sous lesquelles ils se montrent. Dans ce cas, le conflit doit avoir lieu entre un fluide lumineux, partie intégrante du corps, et un fluide lumineux qui agirait de même à l’extérieur pour pénétrer dans ce corps, comme nous venons de dire que faisait le calorique. Partout identique à lui-même, ce conflit aurait lieu partout au sein de circonstances diverses : c’est ce qui produirait soit le plus ou moins de clarté des corps, soit leurs degrés divers de transparence, soit encore leurs couleurs variées.

Ces deux grands phénomènes de l’échauffement et de la transparence ou de l’illumination des corps seraient ainsi les produits d’un procédé de la nature tout-à-fait inverse de celui auquel on l’attribue d’ordinaire ; car les corps s’échaufferaient ou bien s’éclaireraient alors, non pas en raison de la quantité de calorique ou de lumière qu’ils recevraient du dehors, à laquelle ils s’ouvriraient, pour ainsi dire, mais tout au contraire en raison de la quantité de calorique ou de lumière qu’ils repousseraient.

Les corps sembleraient, en un mot, s’échauffer ou s’éclairer, au moyen d’un ressort qui se développerait en eux, sous une pression extérieure.

Une expérience bien simple suffit à démontrer la dualité des élémens intégrans de la lumière.

Placez un morceau de bois dans l’eau à une profondeur de quelques pouces : au moyen d’une lentille, rassemblez ensuite les rayons du soleil sur le morceau de bois. Au bout de peu d’instans, et pendant que l’eau ne donnera pourtant aucun signe d’échauffement, vous verrez le bois se noircir, se charboniser peu à peu.

Il est donc bien évident que la partie de la lumière qui agit sur