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ROME ET NAPLES.

Le professeur Scinà, de Palerme, est, à notre avis, l’un des hommes les plus distingués de l’Italie. Son Traité de physique est un livre où brillent à la fois le philosophe et le physicien. C’est un ouvrage sur un plan absolument nouveau ; chaque fait y est exposé d’abord comme il s’est présenté aux yeux des premiers observateurs ; puis on y rend compte des expériences qu’on a faites pour interroger directement la nature sur ce point, et enfin en groupant les résultats et en les comparant entre eux, on s’élève par induction jusqu’aux théories les plus récentes. Scinà n’est pas seulement physicien ; c’est aussi un érudit : ses biographies d’Empedocles et de Maurolicus, et son Histoire littéraire de la Sicile au dix-huitième siècle en sont la preuve. Les recherches de M. Morso sur les antiquités de Palerme, et celles de MM. Scrofani et Gregorio sur l’histoire sicilienne, méritent aussi d’être citées et ont obtenu les suffrages de l’Institut de France.

La ville de Catane paraît devoir devenir le centre littéraire de l’île. Là brillent plusieurs professeurs d’un mérite éminent : San-Martino, auteur d’excellens élémens de mathématiques et de mémoires importans sur divers points d’analyse ; Foderà, habile physiologiste ; Longo, Gemellaro, etc. La société Gioenia, instituée récemment par des particuliers, a déjà publié cinq volumes de mémoires qui rivalisent d’importance avec les collections académiques les plus connues. Les productions de l’Etna y sont décrites avec exactitude et talent, par des savans qui se sont voués à l’étude de leur pays. Honneur à ces hommes estimables qui puisent dans l’amour de la science la force nécessaire pour surmonter les obstacles de tout genre qui les assiègent !

Non-seulement les savans italiens n’ont aucun secours à espérer des gouvernemens ; mais le plus souvent ils sont entourés de méfiances et de dangers. Le zèle et l’amour de la science peuvent suppléer quelquefois à l’action du gouvernement ; mais il est des recherches que nul particulier ne saurait entreprendre à ses frais, surtout dans un pays où les travaux de ce genre ne sont jamais un moyen de fortune. Les chimistes et les physiciens italiens sont presque toujours des médecins ou des pharmaciens qui dérobent une partie de leur temps à leur profession, pour se livrer à des recherches scientifiques. Les professeurs même des universités les plus célèbres