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sont si faiblement rétribués, qu’ils sont réduits à donner des répétitions aux élèves pour se créer quelques ressources ; et telle est la lésinerie avec laquelle on traite en général les établissemens scientifiques, que leurs chefs ont à solliciter plusieurs années de suite les fonds nécessaires pour établir un appareil qui aurait à peine coûté six louis. D’ailleurs, sans souhaiter pour l’Italie une trop grande centralisation, comme celle qui existe en France, on pourrait désirer de voir prodiguer moins d’argent à l’entretien d’universités inutiles, dans de petites villes où des colléges devraient suffire. Il faudrait de même qu’au lieu de conserver dans chaque petite capitale plusieurs bibliothèques, qui nécessitent d’assez grandes dépenses et qui restent toujours incomplètes, on tâchât de former de grands dépôts littéraires, où l’on pût trouver tous les livres modernes les plus importans. Mais il n’en est pas ainsi ; et ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que les livres italiens sont ceux qu’on se procure avec plus de difficulté. En Italie, où l’auteur est presque toujours obligé d’imprimer son ouvrage à ses frais, et d’en distribuer le plus grand nombre des exemplaires gratis, on devrait former des sociétés destinées à l’échange et à la propogation des ouvrages importans, qui paraissent dans les diverses parties de la Péninsule. Mais l’esprit d’association n’a pas fait encore assez de progrès dans cette contrée ; et il s’y mêle presque toujours trop d’esprit municipal pour qu’il amène des résultats d’utilité générale.

Le manque d’un centre produit un autre effet très nuisible au développement individuel des talens. Souvent les personnes qui en Italie cultivent les sciences ou les lettres, placées comme elles le sont sur un très petit théâtre, s’imaginent que le suffrage d’une coterie de province leur constitue une véritable gloire, et elles s’arrêtent à moitié chemin, jouissant du triomphe de la médiocrité. Dans un pays sans publicité et sans tribune, la gloire arrive quelquefois, par le courrier de Londres ou de Berlin, à des hommes que personne n’avait remarqués auparavant.

L’état de l’Italie a empiré sensiblement depuis deux ans. Les gouvernemens, qui, avant la révolution de juillet, paraissaient s’être un peu relâchés de leur rigueur accoutumée, ont repris toute leur méfiance. Dans plusieurs états, les écoles sont fermées, partout ou a augmenté la sévérité des réglemens universitaires. En Pié-