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Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 2.djvu/236

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REVUE DES DEUX MONDES.

nouvelle bannière, aux couleurs noire, pourpre et or de la Burschenschaft, d’un côté : Unité de l’Allemagne ; de l’autre : Liberté, Égalité ?

Où sont-ils tous ces fédérés de Newstadt, de Tenkeim, de Hombourg, de Francfort, de Manheim, de Mayence, de Nuremberg et de Bayreuth ?

D’autres fédérations suivirent celles de Hambach ; à Bergen, dans la Hesse ; à Kœnigsten, dans le Nassau : et maintenant que nous approchons de l’anniversaire de cette fête mémorable, la fermentation générale qu’elle a partout soulevée n’est pas encore calmée. Le rêve d’unité des étudians est devenu à cette heure un patriotisme de bourgeois et de paysans.

Nous le répétons, si la diète vient au milieu des orages qu’elle souffle sur tous les états, foulant aux pieds les cratères brûlans que sa menace a creusés, si elle vient réaliser enfin sa vieille politique d’intervention guerrière qu’elle couve dans les chancelleries depuis dix-huit ans, sans doute la victoire lui pourra rester dans des flots de sang ; mais dès ce jour aussi une ère toute nouvelle aura commencé pour l’Allemagne. L’Allemagne cheminera lentement peut-être, mais infailliblement, vers une révolution.

Jamais, depuis juillet 1830, l’attitude des nations actives du globe n’a été plus expressive et plus solennelle ; et quand on songe que tout se remue, fermente et lutte violemment sur la moitié du globe, depuis le Mississipi jusqu’au fleuve Jaune où l’empereur de Chine change sa politique et destitue les gouverneurs opposés aux Anglais, en même temps que surgit, dans ses provinces du sud, une des plus formidables insurrections qui aient jamais troublé le sommeil de plomb de ce vaste empire ; quand on songe à cette fièvre universelle, à ce chaos dont, grâce à Dieu, il faut bien espérer qu’il sortira quelque chose de plus solide et de meilleur que ce que nous voyons ; quand on songe à tout cela et que l’on vient à considérer ce que nous faisons, nous, et de quoi s’occupent les graves représentans de cette France, deux fois si grande, si belle et si respectée, on demeure frappé d’étonnement et de douleur.

Il faut bien dire que la chambre cite à sa barre un journaliste pour lui donner une leçon de réserve et de convenance, et qu’elle a préludé à cette solennité par deux journées entières de violences fâcheuses, de personnalités et d’injures.

Est-il personne qui, dans le fond de son cœur et de sa conscience, se refuse à reconnaître qu’il y a lieu de puiser dans ce rapprochement une bonne leçon de science morale et politique ?

Les théâtres, pour nous reposer de ces graves et tristes débats, ne nous ont offert aucune nouveauté digne de remarque. Perlet a commencé ses représentations au Gymnase, et M. Véron quitte bien décidément la direction de l’Opéra : voilà pour les nouvelles.

Les concerts, qui sont en grande faveur, ont été nombreux cette quin-