zaine. Celui qui a fait le plus de bruit et qui avait rassemblé dans la salle Ventadour une foule considérable, bien que le prix des places fût presque triplé, c’est le concert historique de M. Fétis.
M. Fétis semble vouloir exercer sur le public le même empire que la diète de Francfort s’attribue sur les petites principautés allemandes. Il tient les promesses de ses affiches et de ses programmes à peu près comme les cabinets de Vienne et de Berlin ont tenu les leurs après la grande campagne de 1813.
La grande affaire est de remplir une salle d’une société choisie, brillante et coquette. De là le programme tant perfectionné, le programme historique, chronologique. Vous entendrez du Cavalli (1639), du Pergolèse (1734). Vous entendrez du Cimarosa, du Weber ! accourez et prenez place. Puis, la salle pleine, il n’y a ni Weber, ni Cimarosa, ni Pergolèse, ni Cavalli !
C’est vraiment chose affligeante que de voir un homme du caractère de M. Fétis, savant, grave et consciencieux, à qui l’art est redevable d’études profondes et de précieuses recherches, s’exposer face à face à des mécontentemens, à des interpellations du genre de celles dont nous avons été témoin.
Les publications de contes et nouvelles se poursuivent plus rapidement que jamais. Le septième volume du Salmigondis a paru. Nous verrons s’il est dans les treize contes qu’il contient quelque morceau qui mérite une mention particulière. Voici encore le deuxième volume du Livre des Conteurs, recueil qui se distingue par le soin que son éditeur apporte jusqu’ici à ne le composer que d’écrits de choix. Nous avons remarqué dans cette nouvelle livraison un conte de Michel Raymond, dont le principal héros est Ibrahim Pacha, le Bonaparte égyptien. C’est un récit dramatique et coloré d’une expédition d’Ibrahim dans l’Abyssinie. Lucrèce, par Aloysius Block, est une nouvelle très vive et très spirituelle dans le genre des fameux contes de madame de Navarre.
Nous ne pouvons terminer cette chronique, déjà bien longue, sans dire un mot du bal de notre ami Alexandre Dumas. Il nous tardait vraiment de joindre notre propre témoignage à l’acclamation universelle dont cette fête brillante a été accueillie dans le monde artiste.
Nous avons revu de nos yeux ces salles peintes en un jour et une nuit, ces toiles, ces murailles, ces panneaux enluminés comme par enchantement. Nous avons revu ce lion et ce tigre de Barye, cette Esmeralda de Ziegler, cette Lucrèce Borgia par Louis Boulanger, cette Mort de madame de Gyac par Tony Johannot, les scènes de la Tour de Nesle de Clément Boulanger, le roi Rodrigue de Delacroix, et les médaillons de MM. Hugo et de Vigny ; nous avons voulu tout revoir, et nous n’avons pas oublié, comme